Accueil A la une Analyse | Péthore de feuilles de route: Le casting bat son plein

Analyse | Péthore de feuilles de route: Le casting bat son plein

Aujourd’hui et au moment où tout le monde attend que Kaïs Saïed révèle la feuille de route qu’il a promise aux Tunisiens dans la soirée du 25 juillet 2021 et annonce l’identité de la personnalité qui aura la charge de conduire le futur gouvernement, se bousculent devant les portes du Palais de Carthage les initiateurs de feuilles de route, proposant au Chef de l’Etat leurs plans d’action pour faire sortir le pays de la crise. Crise à laquelle certains de ces candidats assument une grande responsabilité

Aujourd’hui vendredi 13 août, des Tunisiens qui se disent au parfum de ce que le Président Kaïs Saïed annoncera, volet désignation du Chef de gouvernement ou du Premier ministre (sans que ces mêmes fins connaisseurs en livrent la moindre preuve), affirment qu’une décision d’une valeur historique sera annoncée le 13 août, date de la fête de la femme tunisienne.  Pour la première fois, dans l’histoire de la Tunisie, on verra se concrétiser un vieux rêve de près de 70 ans, à savoir l’accession d’une femme à la présidence du gouvernement.

Avec encore plus de précision, la feuille de route historique, dont les Tunisiens attendent avec impatience l’annonce imminente par le Président Saïed, présentera une équipe ministérielle conduite par une femme qui sera appelée cheffe de gouvernement ou Premier ministre.

En attendant que le Chef de l’Etat se prononce sur le nom du futur Chef de gouvernement ou Premier ministre et que l’heureux ou peut-être l’heureuse élue forme son équipe, et, en prospectant aussi l’opportunité de voir le Président de la République annoncer publiquement son plan, on assiste, ces derniers jours, à un véritable défilé de feuilles de route proposées par les uns et les autres, des partis politiques, des «personnalités nationales ayant leur mot à dire ». Ces  personnalités autoproclamées publient des manifestes-programmes dans lesquels les signataires «ordonnent» pratiquement à Kaïs Saïed ce qu’il doit faire, après avoir conduit avec tact, doigté et réussite la dynamique du 25 juillet 2021.

Les organisations nationales ne sont pas en reste, avec à leur tête l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), qui a déjà mis à contribution ses têtes pensantes pour pondre une feuille de route que Taboubi a promis de révéler au public et de soumettre au Chef de l’Etat, une fois que ce dernier lève le voile sur la sienne. Sans oublier les associations de jeunes se présentant comme organisateurs et instigateurs du mouvement du 25 Juillet. Rapides, ces derniers ont déjà publié des plans d’action que le Président de la République devait mettre en exécution à partir du 26 juillet.

Attirer l’attention, ni plus ni moins

Les participants à ce casting sont en train de proposer spontanément leurs programmes, de se disputer les chaînes TV et radio, de séduire les journaux, voire les pages Facebook, afin de voir leurs « œuvres » publiées et abondamment commentées. Objectif, attirer l’attention du Président et le voir accepter d’avaliser certaines les idées qui y sont développées.

Les auteurs de ces feuilles de route qui ne sont pas — il faut l’avouer — ni dupes ni naïfs pour croire un seul insistant que Kaïs Saïed les écoutera ou daignera lire une ligne de leurs documents-programmes, on peut affirmer, sans peur de se tromper, que toutes ces manœuvres ne sont en réalité que des tentatives pour séduire le Président de la République, afin qu’il leur réserve une place dans le nouveau paysage politique qui devra voir le jour d’ici la levée des mesures exceptionnelles par le Chef de l’Etat (au moment qu’il jugera opportun, pour considérer que «le danger imminent» prévu par l’article 80 de la Constitution a été dissipé). Et que l’heure a sonné pour que le fonctionnement de l’Etat reprenne son cours ordinaire.

Sauf qu’il reste une observation à formuler, les feuilles de route révélées jusqu’ici, dont la dernière est celle annoncée hier par Habib Jemli, ancien Chef de gouvernement malheureux ayant échoué à obtenir la confiance des députés de son propre parti Ennahdha, mettent l’accent sur le retour du Parlement «sous une nouvelle formule», sans préciser laquelle, et sur la nécessité pour le futur gouvernement d’obtenir la confiance de ce Parlement «new look» dont la composition (au cas où il reprendrait ses travaux) reste une inconnue pour tout le monde, y compris pour ses propres membres qui disent appuyer les décisions du Président et se proclament au-dessus de tout  soupçon.

Charger plus d'articles
Charger plus par Abdelkrim DERMECH
Charger plus dans A la une

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *