La pandémie du covid-19 a bouleversé notre monde, et, comme c’est souvent le cas, les enfants font partie de ceux qui sont les plus durement touchés pour plusieurs raisons
Même attendue, la nouvelle aura un effet dévastateur et de choc chez tout le monde : durant l’année scolaire écoulée, les écoliers les plus vulnérables ont été privés de leurs collations, alors que tout un budget a été alloué à cette fin pour remédier aux situations les plus dégradées et assurer les cantines dans les établissements éducatifs des zones rurales. Donnant plus de détails sur le sujet, le président de l’Association de défense des droits de l’enfant, Moez Cherif, indique, dans une déclaration accordée à La Presse, que les enfants, qui vivent en milieu rural et qui sont issus de catégories démunies, ont faim et que le manque de nourriture est et restera un problème crucial et l’un des principaux défis que les autorités concernées doivent relever quotidiennement. C’est pourquoi une aide alimentaire s’avère toujours nécessaire à cette population.
Se rendre à l’école le ventre creux
«Ce n’est plus un secret pour personne, ces écoliers et ces élèves font tous les jours plusieurs kilomètres à pied pour se rendre à leur école le ventre creux. Les répercussions négatives sont donc doubles ; d’un côté la malnutrition entraîne un retard dans le développement, alors que de l’autre côté, elle a pour effet de réduire considérablement la capacité de concentration de ces élèves pendant les cours…», explique- t-il. Et d’ajouter que cette situation a pris plus d’ampleur durant la pandémie du covid-19, qui a bouleversé notre monde, et ses impacts sociaux et économiques ont été profonds. Et comme c’est souvent le cas, précise-t-il, les enfants font partie de ceux qui sont les plus durement touchés pour plusieurs raisons. «Tout d’abord, l’éducation d’une génération entière a été interrompue en raison des fermetures d’écoles dans une première étape. Puis vint la reprise des cours, qui a été accompagnée d’un système d’enseignement par alternance, qui a, à son tour, posé des problèmes graves», souligne-t-il.
Sans repas scolaires !
M. Cherif ajoute que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase était que ces écoliers ont été privés, durant toute l’année 2020-2021, des repas scolaires gratuits. «C’est une tragédie en soi car c’est la santé, le développement et le bien-être des dizaines des milliers d’enfants vulnérables qui ont été mis en péril. Du coup, nos enfants n’ont pu bénéficier de repas scolaires bien que le budget alloué à cette fin existe dans la caisse de l’Etat…», révèle-til. Et comme chaque année, poursuit-il, l’Etat consacrait, alors, un budget aux collations réservées aux écoliers et élèves les plus démunis, soit un repas par jour (l’équivalent de 1.600 millimes pour chaque repas). «Mais je viens d’apprendre récemment que toute la somme d’argent qui a été allouée aux repas des enfants les plus pauvres au niveau du primaire a été bloquée durant toute l’année scolaire précédente», enchaîne-t-il encore. A cet effet, à le croire, en plus du covid-19, et d’un enseignement alterné, ces enfants ont faim et l’Etat, pour qui l’argent existait déjà, décide de ne pas dépenser cette somme pour qu’elle reste dans le compte du ministère de l’Education… On ne connaît pas encore les raisons derrière cette décision. «Mais c’est déjà terrible quand on décide d’affamer une population qui n’a aucun moyen de se faire entendre. Pis, la seule personne qui a levé sa voix contre ces pratiques a été mise à l’écart et démise de ses fonctions au sein du ministère de l’Education, et ce, par une décision qui a paru dans le Journal officiel de la République Tunisienne (Jort). Pour moi, les enfants tunisiens sont des orphelins et n’ont pas derrière eux un Etat qui garantisse leur droit», déplore-t-il.
Moins de 9% des écoles respectent les normes d’hygiène
Selon une récente étude publiée par l’Unicef, en Tunisie, la fermeture des établissements scolaires suite à la crise du covid-19 risque d’aggraver encore plus les privations des enfants les plus défavorisés, dont les besoins nutritionnels dépendent fortement des repas servis à l’école. De l’autre côté, l’alimentation scolaire encourage les ménages démunis à envoyer leurs enfants à l’école et à les y maintenir. Donc, cette alimentation scolaire peut briser le cycle de la faim, de la pauvreté et de l’exploitation infantile. Et d’après la même étude sur les cantines scolaires, moins de 9% des écoles respectent les normes d’hygiène, lesquelles sont en deçà des attentes. Face à cette situation, il est indispensable de mettre en œuvre un plan de riposte dans les écoles avec la mise en place des cantines scolaires destinées aux enfants vulnérables. Il est aussi à rappeler qu’il y a quatre ans, des accords de financement ont bien été signés entre l’Unicef, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le ministère de l’Éducation pour promouvoir l’alimentation scolaire durable à travers la mise en place d’une stratégie nationale permettant de garantir à tous les enfants, notamment les plus vulnérables, une nutrition saine et équilibrée au sein de leurs établissements éducatifs. Mais à nos jours, ces accords n’ont pas encore porté leurs fruits.