Ce long bras de fer entre les spéculateurs et les commerçants qui ne peuvent baisser leur prix continue, le tout cautionné par une « mafia » en haut de la sphère, d’après le raisonnement d’un expert en sciences sociales et économiques.
Le mois de septembre s’installe et l’espoir d’une reprise réussie sur tous les plans, dont la rentrée scolaire prévue le 15 septembre 2021, voilà que le prix de l’escalope de dinde grimpe à 17,900 D. On retombe dans les travers décidément. Lundi 30 août 2021 sonne le glas des espoirs nourris de constater la fin de la cherté des prix et de la corruption que l’Etat combat sur tous les fronts depuis au moins un mois. Pourtant, il y a quelques semaines, des efforts ont été consentis pour baisser de quatre dinars le prix du kilogramme de viande ovine ou bovine pour revenir à 26 D. D’autres marchands de fruits et légumes ont revu à la baisse leurs prix, mais n’est-ce point l’ombre d’une illusion tout simplement ? Les grandes surfaces, elles, n’ont fait aucun effort pour ramener la clientèle et adoucir les prix, hormis des promotions insignifiantes sur une gamme de produits non essentiels.
Mais alors où va-t-on dans ce long bras de fer entre l’oligarchie tunisienne et le peuple ? Le régime politique actuel donne une souveraineté légitime avec un caractère légal à une classe restreinte et privilégiée, comme les grands distributeurs et les grandes surfaces, pourtant maintes fois dénoncés par certains députés de l’ARP, dont l’activité est gelée.
Le diktat des prix
Dans un hebdomadaire du lundi 30 août 2021, Mongi Mokadem, professeur de sciences économiques, a lâché une véritable bombe, en affirmant que « les mécanismes de détermination des prix sont régis par la mafia ». Mis en cause, le nombre trop important d’intermédiaires dans la chaîne de distribution qui font grimper le prix de cinq fois de la production à la vente, conjugué à la spéculation, qui sont les maîtres de cette gangrène anéantissant le système de vérité des prix.
Malgré l’autorégulation des prix du marché par le mécanisme de l’offre et de la demande de 90% des produits, hormis ceux homologués, certains prix connaissent une envolée sans que l’on sache ni pourquoi ni comment, pas même les experts ! Bien sûr, le stockage des marchandises dans des entrepôts pour créer une pénurie fictive et faire augmenter les prix au cas où la demande n’est pas très importante ne se raconte plus, tant il est combattu avec force par les brigades de contrôle de l’Etat qui vont de découverte en découverte ces derniers jours. Mais comme il reste 10% de produits qui entrent sous la coupe du système de l’homologation ou de subventions, l’économie de rente fait des dégâts à ce niveau, rien qu’à voir les conséquences sur des décisions arbitraires qui offrent un kilogramme d’escalope de dinde à près de vingt dinars, ce qui est inacceptable pour le commun des Tunisiens. Où sont les organisations de défense du consommateur? Pourquoi ne mettent-elles pas l’index sur ce qui ne va pas et dénoncent haut et fort ce qu’une frange de la population pense tout bas ?
Du coup, de nombreux commerçants n’arrivent pas à réviser leur niveau de prix à la baisse et râlent sur l’impossibilité de faire des bénéfices, ni même de rentrer dans leurs frais. Le vent est-il en train de tourner dans le mauvais sens ? On se souvient encore des producteurs de lait qui déversent leur collecte, des difficultés naissantes des producteurs de dattes qui menacent la rentabilité de la filière, comme on l’a souligné en début de semaine sur nos colonnes, mais encore les oranges produites en abondance les saisons dernières qui ont mécontenté les producteurs, il y a à peine deux années de cela.