Dans une interview accordée à la chaîne qatarie Al Jazeera, l’ancien président de la République, Moncef Marzouki, s’en est de nouveau pris au Chef de l’État, appelant, soit à sa démission soit à sa destitution, car il n’a pas « respecté les règles du jeu démocratique ». Il est allé même jusqu’à appeler les institutions militaire et sécuritaire à agir contre un président qui représente « un péril » pour la nation. En même temps, il a reconnu du bout des lèvres « l’échec de l’islam politique », la corruption des hommes d’affaires, des hommes politiques, des médias et le rôle macabre des députés sous cette législature. Marzouki admet qu’il faut qu’il y ait un changement pour rallumer les moteurs de la croissance économique et atténuer la souffrance du peuple.
Il a fustigé l’action du Président de la République, pour qui il a donné sa voix lors des élections et regrette de l’avoir fait. Dans cette interview, il a appelé les adhérents de son parti (cha3b El Mouatinine) à manifester pacifiquement demain samedi, pour faire entendre l’autre voix du peuple qui refuse la « dérive autocratique » de Kaïs Saïed. Beaucoup de voix se sont élevées contre les propos de Marzouki, dont le mandat a été entaché de plusieurs erreurs diplomatiques et marqué par les assassinats politiques, le départ massif des Tunisiens au jihad en Syrie et en Libye, ainsi que par l’extradition en toute discrétion de l’ancien Premier ministre libyen, Baghdadi Al Mahmoudi, réfugié en Tunisie, aux forces libyennes. Pour un fervent défenseur des droits de l’homme, Marzouki faisait une pâle figure dans le concert des nations démocratiques à cause de ce geste, dont il a pourtant nié être au courant. Certes, les Tunisiens ne gardent pas un bon souvenir de son mandat et l’ont fait savoir au cours de la présidentielle de 2014, quand il fut éliminé au deuxième tour face à feu Beji Caïed Essebssi et de 2019, quand il fut écarté dès le premier tour. Si cet homme, qui nous a gouvernés, n’a pas eu de popularité (17.000 voix en 2011) et de légitimité, car il a été nommé en tant que président de la République par la Constituante de 2011, c’est qu’il a toujours été déconnecté des Tunisiens. Il a été une simple marionnette aux mains des Nahdhaouis, même s’il lui arrive de hausser le ton, mais sans plus. Faut-il pour autant le blâmer pour ses opinions divergentes sur ce qui se passe dans le pays ? Au contraire, s’exprimer librement, même si cela choque parfois, c’est nous mettre à l’abri de la pensée unique et d’un éventuel retour à la propagande médiatique, même si cela ne correspond pas à notre conception des faits. Dans une démocratie, on n’étouffe pas les voix contraires si elles se manifestent. Car cela ne peut contribuer qu’à placer l’intérêt supérieur de la nation au-dessus des autres considérations partisanes. Dans cette phase délicate par laquelle passe le pays, tous les Tunisiens, quelles que soient leurs opinions, leurs obédiences politiques sont libres de dire ce qu’ils pensent à haute voix. C’est ainsi que nous trouverons, in fine, la voie du salut. Non pas par l’exclusion, la stigmatisation ou les interpellations abusives et l’usage de la force. Nous avons appris les leçons du passé, montrons au monde que la Tunisie est toujours sur la bonne voie.
Mohamed Mamoghli
26 septembre 2021 à 10:20
marzouki ! attention, Trahison du peuple ???