La politique adoptée par Saïed à faciliter la mission des différents sénateurs américains et représentants de l’administration Biden et le dialogue ouvert et ses engagements sincères à ne pas transgresser la démocratie et la liberté en Tunisie, ont agi positivement sur les concertations mutuelles à ce propos avec les différents acteurs et représentants occidentaux.
Les manœuvres politiques de la part de certains partis et d’autres organisations internationales pour pousser Washington à qualifier les décisions exceptionnelles de Kaïs Saïed du 25 juillet et celles prises le 22 septembre, comme un « Coup d’État », ne semblent pas avoir atteint cet objectif, puisque le département d’État américain a préféré « se concentrer sur l’aide à apporter à la Tunisie pour l’accompagner sur la voie démocratique, que de débattre sur l’appellation à donner à ces événements ». Certes, cette position américaine reste prudente et conditionnée par une consolidation claire du processus démocratique dans le pays, « la nomination d’un Premier ministre pour former un gouvernement capable de répondre aux exigences de cette période ». A cet effet, le porte-parole du Département d’État, Ned Price, a indiqué lors d’un point de presse, vendredi soir, que son pays est « préoccupé que les mesures transitoires se poursuivent sans une fin claire », ajoutant que Washington « fait écho aux appels des Tunisiens pour que le président articule un plan établi selon un calendrier clair, pour engager un processus de réforme inclusif qui associe la société civile et les diverses voix politiques ».
Il est à noter que « la démocratie et la liberté sont les principes de notre politique interne et externe », avait expliqué la sous-secrétaire d’État américaine adjointe Wendy Sherman, lors d’une rencontre en ligne avec les journalistes tunisiens, il y a quelques mois. Donc, s’il y a une dérive qui contredit ces principes, Washington n’aura pas à rougir pour le dire crûment.
Cette position souple, mais prudente s’explique par les résultats des diverses enquêtes et rapports sur le terrain pendant ces dernières années.
On y relève les inquiétudes des USA quant à l’état délétère des libertés en Tunisie marqué par des agressions multiples contre les médias et les acteurs de la société civile. Une régression qui a souvent pris comme contexte le climat social et économique détérioré à cause de la crise sanitaire, mais où le recours à la répression musclée des forces de sécurité, les interpellations violentes et les mises en examen de plusieurs bloggeurs et journalistes, avec le consentement complice des gouvernements successifs qui ont échoué dans leur mission et un Parlement qui a alimenté les divisions et exacerbé la situation politique et sociale en Tunisie.
Faut-il rappeler qu’au cours des dix dernières années, les USA ont accordé un soutien financier et technique très important à la Tunisie pour qu’elle renforce sa démocratie et retrouve sa croissance économique. Cela englobe le financement, les aides sanitaires pour faire face à la pandémie Covid-19, mais que ce soutien n’a pas donné les résultats escomptés à cause des tiraillements politiques sans fin qui ont failli mener le pays au chaos et à la guerre civile.
Il est aussi à noter que la politique adoptée par Saïed à faciliter la mission des différents sénateurs américains et représentants de l’administration Biden et le dialogue ouvert et ses engagements sincères à ne pas transgresser la démocratie et la liberté en Tunisie, ont agi positivement sur les concertations mutuelles à ce propos avec les différents acteurs et représentants occidentaux.
Washington, qui partage « l’aspiration du peuple tunisien à un gouvernement démocratique qui réponde aux besoins du pays, alors qu’il lutte contre les crises économique et sanitaire », tend la perche, mais ne donne pas une carte blanche à Saïed.
Il refuse aussi d’alimenter une crise sur un partage des pouvoirs en Tunisie au détriment des principes démocratiques qui n’arrangera en rien les choses qui devraient aller, selon Washington, vers une meilleure consolidation des acquis démocratiques et considère la Tunisie «comme un partenaire privilégié qui est appelé à établir une feuille de route claire avec un timing précis pour un retour rapide à un fonctionnement démocratique des institutions et d’élever le niveau de la démocratie et les Droits de l’homme, l’état de la liberté de la presse et des libertés individuelles, qui figurent en tête des indicateurs qui vont déterminer le niveau des relations avec Tunis pour l’étape à venir.
Il ne faut pas oublier que Washington comprend que toutes les démocraties confrontent des défis de temps à autre, mais pour sortir avec une démocratie plus forte et plus juste, il est important que Saïed emprunte la voie du dialogue avec les patriotes sincères et dévoués pour défendre ce rempart démocratique encore jeune. Cette position américaine est à saluer du moment qu’elle n’a pas tranché en faveur de l’un des camps opposés, mais a placé l’intérêt du peuple tunisien au-dessus de toute autre considération.
C’est à nous, donc, de choisir notre voie et de tracer les contours de la solution propice à faire sauter tous les verrous qui nous empêchent de raisonner sagement et calmement pour retrouver le chemin de la stabilité et de la prospérité et de mettre fin aux souffrances du peuple qui a perdu tout espoir en des lendemains meilleurs. Une lucarne s’ouvre, saisissons l’opportunité dans le calme. Faut-il rappeler, à ce propos, que les optimistes et les pessimistes vivent différemment, mais meurent de la même façon. À bon entendeur, salut.
CHOKRI BEN NESSIR avec TAP