La crise actuelle est d’autant plus grave que l’année universitaire touche à sa fin sans que l’on parvienne à trouver un accord entre les parties en conflit. Pourtant, on considère que les autorités de tutelle ont fait un pas dans la bonne direction en revenant sur la décision de geler les salaires des enseignants qui continuent de boycotter les examens. Officiellement, on est résolu à assurer le déroulement de ces examens par tous les moyens autorisés par la loi.
Les derniers incidents survenus à l’École supérieure du commerce (ESC) à Sfax ne sont pas pour faciliter la recherche d’une solution à la crise entre le syndicat « Ijaba » et le ministère de l’Enseignement supérieur. L’escalade est, certes, dangereuse mais elle ne devrait pas hypothéquer l’avenir des rapports entre les autorités et les parties qui s’opposent au bon déroulement des examens de fin d’année dans près de 70 institutions universitaires.
En gros, les faits se sont déclenchés lorsque les responsables de l’ESC de Sfax ont voulu effectuer les devoirs pour certains étudiants comme l’exige le calendrier des examens. Des enseignants du syndicat précité n’auraient pas apprécié parce qu’ils accusent le directeur de l’ESC d’avoir engagé des « mercenaires » pour proposer des sujets d’examen à leur place. Sur ce, un groupe d’enseignants grévistes a investi les locaux de l’établissement pour un sit-in.
Ce vendredi, en fin d’après-midi, (selon les membres d’«Ijaba»), un groupe d’enseignants de cette organisation voulaient offrir des repas d’Iftar aux sitinners. Le gardien s’y est opposé c’est alors que la porte a été forcée et les gens se seraient introduits de force. De son côté le directeur de l’établissement rejette la version d’ « Ijaba » et soutient qu’il est normal qu’on ferme les portes de l’institution à de pareilles heures et qu’il n’est pas permis de laisser entrer des étrangers (il y en avait parmi les gens de ce syndicat, selon le directeur).
A cet effet, le syndicat des enseignants universitaires chercheurs tunisiens a annoncé son intention d’engager des poursuites judiciaires contre le directeur de l’École supérieure du commerce de Sfax, ainsi qu’à l’encontre de tous les responsables pour ce qu’ils qualifient de « séquestration » de professeurs d’université en sit-in. D’autre part, des universitaires auraient déposé des plaintes administratives contre les grévistes pour entrave au passage des examens.
Cet acte vient, encore une fois, confirmer, si besoin est, la nécessité d’éviter cette propension à exagérer des faits, souvent anodins, pour en faire une affaire et les exploiter, à travers le prisme déformant des réseaux sociaux, pour envenimer les rapports (déjà exécrables) entre l’administration et une partie des enseignants.
La crise actuelle est d’autant plus grave que l’année universitaire touche à sa fin sans que l’on soit parvenu à trouver un accord entre les deux parties en conflit. Pourtant, on considère que les autorités de tutelle ont fait un pas dans la bonne direction en revenant sur la décision de geler les salaires des enseignants qui continuent de boycotter les examens. Officiellement, on est résolu à assurer le déroulement de ces examens par tous les moyens autorisés par la loi.
De son côté, le syndicat « Ijaba » tient bon et ne veut rien céder bien qu’il ait affirmé qu’il était possible de revenir à la table des négociations une fois le gel des salaires levé. Or, il s’avère qu’il y a un autre préalable, actuellement. Il semblerait qu’il n’y aurait aucune solution sans l’application des accords du 7 juin 2018. C’est une condition, désormais, sine qua non.
A ce propos, il serait bon de rappeler les déclarations du ministre de l’Enseignement supérieur à la radio RTCI, il y a un mois, que son département a effectué plusieurs séances de négociation avec l’Union des enseignants universitaires-chercheurs tunisiens.
Selon le ministre, ce syndicat est radical, revendique des choses impossibles à satisfaire, diffuse des intox et refuse le débat. La proposition de médiation de la part de certains députés a, également, été refusée par Ijaba.
D’autres propositions de reprendre les pourparlers se multiplient sans qu’il y ait la moindre réaction attendue de la part du syndicat. La dernière en date est cette invitation lancée, il y deux jours, par M. Driss Sayah, conseiller auprès du ministre qui est demeurée sans écho.
En définitive, la situation est, carrément, explosive. La radicalisation des positions du syndicat n’arrange pas les choses. Bien au contraire.