La production de phosphate n’a pas repris réellement. Il s’agit plutôt d’un rebond technique, puisque le niveau enregistré au trimestre précédent était exceptionnellement bas.
La Banque centrale de Tunisie (BCT) affirme que l’inflation s’est établie, en avril 2019, à 6,9% à la faveur de la décélération des prix des produits alimentaires frais. L’inflation sous-jacente «hors produits alimentaires frais et administrés» s’est maintenue à son niveau du mois de mars, soit 7,6%.
Les indicateurs fournis par la BCT montrent également une quasi-stagnation du PIB au premier trimestre de 2019, moyennant un taux de croissance de 0,1%. Cette croissance a été soutenue, notamment, par les services marchands, le secteur de l’agriculture et de la pêche et, à moindre degré, par les industries non-manufacturières. L’activité commerciale a également contribué positivement à cette croissance en progressant de +0,7% au cours de la même période.
La situation demeure alarmante
Concernant les industries non-manufacturières, leur valeur ajoutée a évolué de +1,1% par rapport au trimestre précédent, contribuant à la croissance globale. Cette croissance est attribuable, notamment, à l’amélioration, par rapport au trimestre précédent, de la valeur ajoutée relative à la production de l’électricité et du gaz et celle minière. Néanmoins, la situation demeure alarmante pour le secteur minier. La production des phosphates n’a pas repris réellement, «il s’agit plutôt d’un rebond technique, puisque le niveau enregistré au trimestre précédent était exceptionnellement bas. Idem pour le transport des phosphates, dont les volumes transportés demeurent insuffisants, ce qui risque d’aggraver les difficultés des usines du Groupe Chimique au cours du deuxième trimestre 2019».
Pour le reste des secteurs non-manufacturiers, alors que la valeur ajoutée de la branche «bâtiment et génie civil» a baissé de 2,3%, l’activité relative à l’extraction de pétrole et du gaz s’est accrue de 19%, sans aucune contribution à la croissance globale.
Les branches des industries agro-alimentaires et de «raffinage de pétrole» ont connu une baisse de leurs valeurs ajoutées de 5,0% et 8,2%. Concernant les industries manufacturières diverses et celles des matériaux de construction, céramique et verre, l’activité a baissé de 3,2% et 1,1%.
Déficit commercial
S’agissant du secteur de l’agriculture, l’évolution a dépassé les attentes, soit +2,4% en variation trimestrielle. Contribuant ainsi à la croissance globale. D’après l’Observatoire national de l’agriculture, la production d’olives aurait atteint 750 mille tonnes durant la campagne oléicole, soit moins que la moitié de la quantité réalisée l’année précédente (1,616 mille tonnes). Autre indicateur, le déficit commercial s’est élevé, au terme des quatre premiers mois de l’année, à 6,3 milliards de dinars contre 5,1 milliards de dinars l’année précédente, et s’est ressenti, d’une part, du repli plus important des exportations en volume que des importations (-2,7% contre -2%), et, d’autre part, du renchérissement plus marquant des prix à l’import (21,1% contre 19,7% des prix à l’export). Par ailleurs, la conjoncture économique actuelle affirme que malgré le maintien des pressions sur les réserves de change, le dinar s’est apprécié vis-à-vis aussi bien de l’euro que du dollar au cours des premiers mois de l’année.
De même, une légère hausse des besoins de liquidité des banques a été enregistrée en avril 2019, de 102 MDT par rapport au mois de mars dernier. En outre, le TMM du mois d’avril ressort à 7,86% après 7,90% au mois de mars 2019.
L’indice des prix à la consommation a enregistré au cours du mois d’avril 2019, une évolution de 0,8% contre 0,4% au mois de mars. Cette progression est due à la forte hausse des prix des produits manufacturés (+1,6% contre +0,5% au mois de mars dernier), qui s’explique, d’une part, par l’ajustement à la hausse des prix des carburants (+4,1% contre +0,0%) et d’autre part, par l’accélération des prix de l’habillement et chaussures.
Évolution de l’inflation
En revanche, les prix des produits alimentaires ont connu une légère baisse de 0,1% contre 0,5% en mars, portant la marque du repli des prix des produits alimentaires frais suite à la baisse des prix des volailles et des légumes.
En glissement annuel, l’inflation des produits alimentaires a connu, au cours du mois d’avril, une décélération (+6,6% contre +7,5%), celle des produits manufacturés a enregistré une légère détente pour s’établir à 8,4%.
L’inflation des services est en légère progression durant le mois d’avril pour atteindre, en glissement annuel, 5,5% contre 5,3% au mois de mars.
En termes de contribution à l’inflation globale, l’analyse par secteur d’activité montre que la contribution de l’inflation des services a légèrement augmenté, celle des produits alimentaires a baissé. Quant à l’inflation des produits manufacturés, elle a maintenu la même contribution à l’inflation globale.
Par ailleurs, l’indice des prix de vente industrielle a enregistré une forte progression, en glissement annuel de 9,6% en avril 2019 contre 8,9% en janvier dernier. Cette évolution est due à la hausse des prix dans le secteur des industries énergétiques et des industries minières. «Ce trend haussier, s’il se poursuit, représenterait une source potentielle d’amplification des pressions inflationnistes pour la période à venir», selon la BCT.
Fléchissement des prix
Pour les prix à l’importation, leur rythme de progression a connu une légère détente en avril 2019 pour s’établir à 22,7% contre 23,2% un mois auparavant, suite au fléchissement du rythme de progression des prix dans les industries des textile, habillement et cuirs et ceux des produits agricoles et des industries agroalimentaires.
Quant aux prix de l’énergie et lubrifiants, et ceux des industries mécaniques et électriques, ils ont connu des hausses respectives, sur un an, de 38,6% et 22,5% contre 37% et 20,2%.
«Au vu des résultats du scénario de base de l’exercice de prévisions du mois d’avril 2019, l’inflation serait vraisemblablement portée à la hausse aux mois de mai et juin 2019».
Au niveau de la balance des services, les recettes touristiques se sont affermies, durant les quatre premiers mois de 2019, favorisées par le renforcement continu des flux touristiques en provenance des marchés traditionnels (Europe). Les recettes touristiques durant la même période ont totalisé 327 millions d’euros contre 277 millions d’euros, il y a un an.
Concernant les crédits à l’économie, la décélération entamée depuis le premier trimestre de 2018 s’est poursuivie jusqu’en avril 2019. En effet, la décélération a touché des crédits aussi bien aux professionnels qu’aux particuliers.
D’après la BCT, les récentes prévisions à moyen terme laissent entrevoir une légère détente à la hausse des prix à la consommation. Elles tablent sur un taux d’inflation moyen de 7% en 2019 et 6,7% en 2020.
(source: BCT)