
Fini le temps des hésitations et projets de réformes laissés au placard. L’arbitrage doit atteindre le haut niveau.
En ce moment, Wadie Jary, président de la FTF, a le vent en poupe. Il n’est plus dans la tourmente ni dans la tempête qui a failli, la saison sportive écoulée, lui porter préjudice et porter atteinte à tout son bilan durant son long mandat… Et lorsque le vent tourne aussi favorablement, il n’y a pas meilleur moment pour aller de l’avant et passer à l’action. Et cap cette fois vers un gros et immense chantier : l’arbitrage. Ce maillon faible de la chaîne alors qu’il doit être le point fort des compétitions, du championnat professionnel, en premier lieu, mais aussi celui du football amateur. Le coup d’envoi de la compétition de la Ligue 1 est programmé ce week-end. Le président de la fédération, qui sait anticiper et savoir d’où le danger peut surgir de nouveau pour lui et pour le bureau fédéral, convoque une réunion qu’on peut qualifier d’urgente le 5 octobre dernier et la consacre entièrement sur le volet arbitrage, seul garant de la réussite et de la crédibilité de tout championnat. Il sort de cette réunion importante pour le développement de l’arbitrage avec trois mesures phares. La première est la création d’un Centre national, une sorte d’école pilote, pour la formation et le perfectionnement des arbitres talents détectés dans les régions et la mise à sa disposition de toute une logistique avec staff médical, kinésithérapeutes, préparateurs physiques et spécialistes en apprentissage des langues, de l’informatique et de la communication. La seconde mesure est l’amorce de l’opération passage de l’amateurisme au professionnalisme pour les arbitres du football d’élite. La troisième mesure est le grand pari d’avoir recours à l’arbitrage vidéo (VAR) pour la deuxième phase décisive du play-off en Ligue 1 et la mise d’un paquet d’un milliard pour en assurer l’installation à temps et la pleine réussite.
Quelques obstacles
Des trois mesures annoncées, la deuxième qui concerne les arbitres professionnels va prendre le plus de temps et rencontrer quelques obstacles pour être concrétisée. La première interrogation concerne les statuts de ces arbitres qui seront à temps partiel puisque la plupart d’entre eux sont des employés du secteur public ou privé ou à temps plein pour une meilleure préparation physique et mentale et une bonne gestion technique. Car, pour être réellement professionnel, l’arbitrage doit être un job reconnu qui rapporte suffisamment pour ne pas dire gros afin d’être tentant et performant. C’est le seul gage de sa mise à l’abri des influences de tous bords et des pressions de toutes sortes et donc la seule garantie de son indépendance. Il lui faut des structures solides avec toute une administration compétente, des commissions spécialisées que la Direction nationale d’arbitrage actuelle (DNA) n’a pas pour assurer sa bonne gestion matérielle et technique. Car, sans structures de base dès le départ, sans une bonne vision et visibilité, sans statuts clairs concernant obligations et droits, sans gros moyens financiers et rémunérations bien définies, sans couverture sociale et avenir professionnel assurés après la retraite à 45 ans dans le meilleur des cas, ce projet grandiose serait irréalisable pour ne pas dire utopique. Le mieux serait peut-être d’opter, dans un premier temps, pour un semi-professionnalisme où les arbitres des compétitions professionnelles sont mieux payés pour assumer entièrement leur responsabilité dans leur préparation physique et mentale des matches qu’ils ont à diriger et dans leur devoir de bonne prestation sous peine de fortes et sévères sanctions en cas de fautes graves.
Les arbitres professionnels, c’est l’un des gros piliers d’un championnat crédible et sans problèmes, c’est un bel édifice dont on a grandement besoin pour atteindre le niveau d’autres championnats mieux cotés et plus corsés à condition de le construire sur des bases et sur un socle solides. Sans ça, il vaudrait mieux avancer par étapes, voire pas à pas s’il le faut, pour que cette belle construction ne s’effondre pas rapidement comme un château de cartes.