
Quand les journalistes couvrant les manifestations sont l’objet d’agressions physiques et d’accusations gratuites de soutenir tel ou tel parti, une prise de conscience générale s’impose : il faut que les dépassements cessent immédiatement et que leurs auteurs et initiateurs soient sévèrement réprimandés par la justice
La rue a encore parlé dimanche 10 octobre et cette fois, ce sont les journalistes qui ont été la cible de certains manifestants qui ont choisi de déverser leur colère sur deux équipes de la TV nationale venues couvrir la manifestation qui s’est déroulée à l’avenue Habib-Bourguiba pour dénoncer les mesures exceptionnelles prises par le Président Kaïs Saïed le 25 juillet et renforcées par les mesures transitoires annoncées le 22 septembre dernier et contenues dans le décret présidentiel n°117 en date du 22 septembre 2021.
Dimanche 10 octobre, les opposants, toutes tendances et appartenances politiques confondues, aux mesures présidentielles exceptionnelles ont investi l’avenue Bourguiba pour protester contre ces mesures et appeler à l’abrogation des dispositions transitoires en date du 22 septembre dernier, exigeant le retour de la vie parlementaire et l’organisation d’un dialogue national qui groupera tous les acteurs du paysage politique et civil national et aura pour objectif de parvenir à une solution consensuelle, de nature à faire sortir la Tunisie de la crise multidimensionnelle où elle est engloutie depuis plus de neuf mois.
Seulement, cette fois-ci, les manifestants ou, pour être objectif, une partie parmi eux, ne se sont pas contentés de crier, haut et fort, sous la protection des forces de sécurité, leur colère, leur dépit et leur stigmatisation farouche à l’encontre des mesures exceptionnelles des 25 juillet et 22 septembre derniers.
Ils ont malheureusement et injustement agressé physiquement des journalistes de la TV Nationale les accusant, à tort, alors qu’ils ne faisaient qu’accomplir leur mission d’information de l’opinion publique, de soutenir le Président Kaïs Saïed et de dénoncer par leurs reportages, ceux qui expriment leur opposition à ses décisions, c’est-à-dire de considérer que les journalistes agressés se sont alignés sur les positions du président Ben Ali, un comportement inadmissible et contraire à toutes les normes en vigueur, accordant aux journalistes la sécurité physique et la protection nécessaires lors de l’accomplissement de leur mission sur le terrain ou en couvrant les meetings ou les campagnes électorales ou tout autre activité à caractère politique.
Que dire de ces dépassements inacceptables et que les deux syndicats en charge des médias, à savoir le Syndicat nationale des journalistes tunisiens (Snjt) et la Fédération générale de l’information relevant de l’Ugtt, ont énergiquement et vigoureusement condamnés, estimant que «cette agression équivaut à une déclaration de guerre contre les journalistes tunisiens» et mettent en garde «contre tout discours d’incitation à la violence contre les médias».
Et les voix libres, ainsi que les partis démocratiques et les associations de la société civile d’exprimer leur indignation des agressions perpétrées contre les journalistes de la TV nationale et de faire part de leur solidarité avec les médias qui ne font qu’exercer leur métier.
Ainsi, plusieurs leaders de partis politiques, y compris parmi ceux qui ont participé à la manifestation du dimanche 10 octobre, n’ont pas hésité, en commentant hier sur les ondes des radios l’événement, de stigmatiser les agresseurs et d’appeler à ce qu’ils soient poursuivis en justice pour répondre des actes criminels qu’ils ont commis