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A chacun son tour

Editorial La Presse

Les sondages ne cessent de le confirmer. La perception des Tunisiens de l’honnêteté des hommes politiques s’érode. Il s’agit de ceux qui se targuent d’avoir tenu tête à Ben Ali et d’avoir milité contre un régime despotique pendant les années de braise. Pourtant, ils ne manquent pas de courage et ont eu l’opportunité de gouverner pendant dix ans. C’est dire qu’ils ont eu le temps plus que nécessaire pour mettre en œuvre leurs programmes, leurs promesses et concrétiser les rêves des Tunisiens en des lendemains meilleurs. Pendant une décennie, ils nous ont rebattu les oreilles avec des slogans creux. Mais ce n’est pas à cause de leurs mensonges qu’ils ne plaisent plus aux Tunisiens. Mais ils sont rattrapés par de nombreuses affaires judiciaires, allant de la corruption au détournement de fonds, au terrorisme, à la contrebande et même au harcèlement sexuel. C’est ce visage hideux, que les citoyens ont découvert après le 25 juillet, qui explique l’acharnement judiciaire à leur encontre. Ils se trouvent de ce fait dans le collimateur d’une justice libre et libérée.
Aujourd’hui, l’heure de la reddition des comptes a sonné. Ils doivent expliquer non seulement comment ils ont spolié les biens d’un peuple qui leur a fait confiance mais aussi comment ils ont réduit un grand peuple qui ne manque ni d’atouts, ni d’intelligence, ni de courage, ni d’esprit d’entreprise à un simple peuple pauvre et désespéré.
Et une Tunisie qui souffre, qui doute d’elle-même, de ses valeurs, de son identité, de son avenir. Ils ont brisé nos rêves et ceux des générations futures. Tout simplement à cause de calculs politiques partisans. Ces militants d’hier sont devenus des prédateurs politiques et financiers où seuls leurs intérêts personnels priment. Ils ont raté la chance de démontrer qu’ils étaient capables d’imaginer une autre façon de faire de la politique, une autre façon de penser, une autre façon d’agir pour la patrie et pour le bien de ses citoyens. Certes, quand on se trouve de l’autre côté de la barre, on éprouve un détestable retour à la réalité, et on joue à la victime. Mais c’est trop tard, car le moment fatal où chacun prend conscience qu’on lui a menti est venu. La justice se charge d’appliquer la loi alors que les sondages rabaissent leur image, car ils ont menti.

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