Transformation stratégique de la Tunisie, des futurs qui n’ont pas eu lieu aux futurs possibles est le titre du nouveau livre de Khaled Kaddour auquel il a consacré une séance de dédicace à la Foire internationale du livre. A cette occasion, il nous a accordé cet entretien. Rappelons que Khaled Kaddour a occupé la fonction de ministre de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables. Il est docteur en prospective et stratégie des organisations et titulaire d’un mastère en gestion des entreprises pétrolières et d’un diplôme d’ingénieur en production des hydrocarbures.
Votre nouveau livre évoque des sujets stratégiques importants pour la Tunisie et son futur…
J’ai voulu développer cette réflexion pour participer à la résolution de la crise aiguë que la Tunisie est en train de traverser. J’ai essayé de proposer donc une nouvelle approche qui consiste à préparer une vision globale face à cette crise multidimensionnelle. Une crise qui affecte tous les domaines, du social à l’environnemental en passant par la santé et l’économie et qui, plus est, se trouve aggravée par le terrorisme et l’extrémisme. Dans ce livre je développe cette vision globale avec cette composante essentielle qui concerne les valeurs et la culture, le système politique (qu’il faut revoir), et les ressources humaines (entre autre dans le système de la santé et de l’éducation).L’autre axe est celui du développement économique et de la digitalisation sans oublier le volet qui concerne les ressources naturelles et la transition énergétique et écologique.
La résolution à nos crises réside-t-elle dans la résolution des problèmes de nos ressources naturelles ?
Pas tellement ! Ce qui compte avant tout ce sont les valeurs et les ressources humaines. A mon sens, il faut réfléchir autour de plusieurs axes. D’abord avoir une vision globale à plusieurs temporalités allant du court au long terme. Cette vision doit être participative et traduite sous forme de projets concrets dans les régions et dans tous les secteurs. Côté budget, il faut prévoir un budget triennal pour pouvoir réaliser ces projets. Mais pour cela il faut avoir une volonté politique claire, sincère et solide (qui nous a fait défaut depuis dix ans) pour mener ces réformes nécessaires. Il s’agit également d’avoir une équipe solidaire, audacieuse et compétente…
Dans votre livre, vous présentez quatre scénarios possibles pour la Tunisie du pire au meilleur…
En fait, j’ai commencé par l’analyse de l’histoire de la Tunisie depuis 60 ans, depuis l’Indépendance. Pendant cette période, la Tunisie a profité de périodes d’abondance mais aussi de périodes de crises. Il y a un scénario meilleur pour résoudre les problèmes de développement ou de chômage, par exemple. Il nous faut donc un taux de croissance important mais aussi une vision, un leadership et une volonté politique.
Etes-vous optimiste pour l’avenir de la Tunisie ?
En tant que prospectiviste, il faut toujours être optimiste, mais nous sommes en train de vivre une période très difficile. Les dix années qu’on vient de passer étaient très critiques pour notre pays. Jusqu’à maintenant nous n’avons pas de réponses claires pour sortir de cette crise. Nous sommes en train d’accumuler du retard pour trouver de solutions ce qui peut représenter une source d’inquiétude pour beaucoup d’entre nous. Certains pensent que le plus urgent est de résoudre les problèmes économiques … Je ne suis pas de ceux qui disent qu’il est urgent de proposer des solutions pour l’économie parce qu’on ne peut pas résoudre les problèmes économiques indépendamment des problèmes d’éducation et de la santé, par exemple. C’est une question d’approche.
Dans votre livre vous parlez aussi de régions. Pourquoi nos régions qui ont pourtant des atouts en ressources énergétiques ne réussissent pas à décoller ?
Dans ce livre, j’ai en effet proposé une vision, pour Gafsa, Tataouine et Tozeur. Pour Tataouine, j’ai proposé une vision globale du développement du désert de Tataouine, qui couvre à peu près le tiers du territoire national, en utilisant les énergies renouvelables comme levier de croissance pour cette région. Il y a même le projet de création d’un centre de recherche d’application des technologies du désert en partenariat avec l’Union européenne. Pour ce projet nous avons eu le soutien de la Banque mondiale et des Nations unies pour le développement du désert tunisien. Malheureusement ces initiatives n’ont pas abouti. Le projet de Borj Bourguiba s’inscrivait dans ce cadre. Nous avons eu pourtant un prix très compétitif, soit 70 millimes le kilowatt. Mais depuis trois ans le projet n’a pas encore démarré. A cela s’ajoute le développement de mille hectares d’agriculture, la création d’un petit village avec le forage de sept puits et la création d’une petite école. La même chose pour la région de Gafsa avec un projet de dessalement de l’eau de mer afin de la ramener jusqu’au site de production du phosphate et développer l’agriculture dans cette région.
dr bmn
25 novembre 2021 à 17:20
c est classique comme propositions