Les dernières précipitations, ajoutées aux tonnes de déchets entassées cà et là, transformant la ville en dépotoir à ciel ouvert, ont dû raviver les tensions. Et le spectre d’un tollé général semble, de nouveau, planer sur tout le gouvernorat.
A Sfax, rien ne fait l’ombre à la crise écologique de Agareb. Deux mois déjà, on n’en finit pas avec ce casse-tête chinois. Pourtant, il y a eu autant de propositions de solutions censées rétablir la situation. Mais, en vain. Les dernières précipitations, ajoutées aux tonnes de déchets entassées ici et là, transformant la ville en dépotoir à ciel ouvert, ont dû raviver les tensions des habitants. Et le spectre d’un tollé général semble, de nouveau, planer sur tout le gouvernorat.
Réunie lundi, la société civile locale a décidé de décréter, le 10 de ce mois, une grève générale, doublée d’une journée de colère. Suite à quoi, a-t-on appris, toutes les issues de la ville de Sfax seront fermées, tout en maintenant des secteurs vitaux en activité. Cette décision s’explique par le fait de voir la situation écologique, déjà dégradée, empirer de plus en plus. Toutefois, la région ne voit plus le bout du tunnel. La pollution y prolifère, l’épidémie la guette et la vie devient intenable ! Et même ingérable, aux dires du porte-parole de l’Utica, Slim Marrakchi. « Ça fait 60 jours qu’on croule sous les ordures, sans qu’il y ait de réactions de la part des autorités régionales », lance-t-il inquiet. Et de s’interroger, sidéré, si une telle problématique fait partie des priorités de l’Etat. Car, ni la présidence de la République, ni le gouvernement Bouden n’ont osé prendre les choses en main.
Et même les deux visites consécutives de Mme Leila Chikhaoui, ministre de l’Environnement, dans la région n’ont pas apporté de solutions. Sauf qu’elle parvint à rouvrir la décharge contrôlée, déjà saturée, de Agareb, jusqu’à nouvel ordre. Sans donner d’autres alternatives. Sa réouverture a dû provoquer la colère des habitants, sans les rassurer sur un dénouement à l’horizon. On ne vient pas encore à bout du problème. Des centaines de tonnes de déchets domestiques et hospitaliers continuent à peser sur le vécu de la ville. Comme si rien n’était ! Intervenant sur les ondes de Shems Fm, le secrétaire général régional de l’Ugtt, Youssef Adouani, est revenu sur cet imbroglio environnemental, le qualifiant « d’un massacre en masse ». Il a déclaré que si aucune décision n’est prise, une grève générale régionale serait observée, sur fond d’un mouvement de protestation. Et M. Adouani de pousser le bouchon loin, menaçant d’une «désobéissance fiscale ». « Si les autorités n’ont pas de solutions, qu’elles nous le disent pour que nous puissions agir en conséquence », enchaîne-t-il, désespéré.
Propositions contre-productives !
C’est que, pour lui, la ministre de l’Environnement n’a toujours pas avancé de solutions définitives à cette crise écologique. Elle a, tout juste, rappelons-le, suggéré la création d’un dépôt provisoire pour stocker les ordures, lesquelles seront, par la suite, traitées à la chaux vive – une technique ancestrale qui permet de bloquer la biodégradation des déchets et éviter ainsi leur incinération – et la vaporisation d’insecticides et de produits désodorisants pour améliorer les conditions environnementales dans la région. Mais « ses propositions n’ont fait qu’attiser l’ire des habitants », s’indigne, en ces termes, un membre de la campagne : « Agareb n’est pas une décharge ». La cheffe du gouvernement étant aux abonnés absents. D’autant plus que l’entretien Saïed-Chikhaoui, lundi dernier au palais de Carthage, n’a pas, semble-t-il, apporté de nouveau. La crise risque-t-elle de dégénérer ?