La scène économique mondiale est actuellement caractérisée par une montée des incertitudes associées aux craintes d’une guerre commerciale. S’ajoutent à cela, le Brexit sans accord, la fermeture des services publics aux Etats-Unis, les prochaines élections européennes et les problèmes structurels pour certaines économies. Bref, une conjoncture défavorable qui ne fait qu’accentuer les dommages nationaux. La tendance s’est prolongée et s’est confirmée durant les cinq premiers mois de l’année 2019, et ce, en l’absence d’une franche résolution du conflit commercial sino-américain, d’une part, et avec l’apparition de nouveaux foyers de tensions politiques entre l’Iran, le Venezuela et les Etats-Unis et le conflit armé en Libye, d’autre part.
Baisse de la croissance
L’augmentation des incertitudes économiques et politiques risque de peser lourdement sur l’économie mondiale dans la période à venir. Les prévisions les plus récentes, avancées par le FMI, comportent des révisions à la baisse de la croissance de l’année 2019 pour la majorité des économies avancées et tablent sur un ralentissement de la croissance mondiale pour s’établir à +3,3% en 2019 après +3,6% en 2018 et +3,8% en 2017. Cette croissance reflète un ralentissement notable de l’activité aux Etats-Unis (+2,3% après +2,9% en 2018), à la Zone Euro (+1,3% après +1,8% en 2018), et en Chine (+6,3% après +6,6% en 2018). Du côté du Japon, l’activité évoluerait à un rythme plus accéléré que l’année précédente, soit +1,0% (après +0,8% en 2018). Jusqu’à la fin du 1er trimestre 2019, la croissance de l’économie américaine semble relativement épargnée de ce ralentissement prévu pour l’ensemble de l’année en cours. La demande des consommateurs a apporté la plus grande contribution à la croissance du PIB. Cette évolution a été consolidée par l’impact positif de la réforme fiscale sur les investissements des entreprises américaines. Mais l’absence d’une résolution des différends commerciaux avec la Chine seraient de nature à freiner la croissance durant les trimestres à venir.
Niveau historique
Le ralentissement de l’activité économique chinoise a été très perceptible. Les derniers chiffres indiquent une stabilisation de la croissance du PIB au premier trimestre de cette année (en termes de glissement annuel), à +6,4%, soit le niveau historique le plus bas depuis presque une décennie. Les importations et les exportations chinoises ont chuté et cela s’explique, dans un premier temps, par la crispation de la consommation des ménages, puis, par l’affaiblissement de la demande d’équipements industriels. Selon le rapport de la BCT, l’annonce de nouvelles normes protectionnistes de la part des Etats-Unis sur l’équivalent de 200 milliards d’exportations chinoises n’a fait que reporter l’espoir d’une résolution rapide du différend commercial entre ces deux puissances économiques mondiales et aurait certainement un impact colossal sur les perspectives de l’activité mondiale. La croissance économique de la Zone Euro demeure décevante, malgré le léger souffle enregistré durant le premier trimestre de l’année en cours. En glissement annuel, la croissance du PIB s’est établie à un taux relativement faible, de +1,2%, contre +2,4% enregistré au cours du premier trimestre de l’année passée. Cette évolution s’explique par la mauvaise performance du secteur manufacturier, plus particulièrement du secteur automobile allemand suite à l’adoption de nouvelles normes anti-pollution et par les risques associés à un Brexit sans accord et à un dérapage budgétaire en Italie sur fond de la mesure de soutien au pouvoir d’achat des ménages ainsi qu’à l’abaissement de l’âge de départ à la retraite.
Zone Euro, une croissance décevante
Pour la conjoncture économique dans les principaux pays européens partenaires de la Tunisie, les indices de confiance des ménages ainsi que ceux des entreprises ont poursuivi, entre janvier et mars 2019, leur tendance baissière entamée depuis la fin de l’année 2017. L’exception a été constatée pour la confiance des consommateurs espagnols et français qui a plutôt affiché une légère amélioration au cours dudit trimestre, et ce, en relation avec les fortes revalorisations salariales, en Espagne, et l’accalmie sur le front des gilets jaunes, en France, où les dépenses de consommation des ménages ont enregistré un net rebond de l’ordre de +0,4%, en variation trimestrielle, après avoir stagné durant le dernier trimestre de 2018. Pour l’ensemble des pays de la Zone Euro, l’indice de la production industrielle a reculé de 0,5% sur la même période, et ce, après avoir progressé de 3,1% au T1-2018.
Dans la Zone Euro, le taux de chômage a baissé, entre janvier et mars 2019, pour atteindre 7,8% après 7,9% au trimestre précédent. Cette évolution a concerné les principaux pays partenaires de la Tunisie, à savoir la France qui a enregistré le taux le plus bas depuis 2009 (8,8% après 8,9%), l’Allemagne (3,2% après 3,3%), l’Italie (10,4% après 10,6%) et l’Espagne (14,2% après 14,5%). Sur cette même période, le taux de chômage s’est accru aux Etats-Unis et s’est stabilisé au Japon pour s’établir respectivement, à 3,9% et 2,4%.
L’inflation dans la Zone Euro demeure inférieure au niveau-cible de la Banque centrale européenne (BCE), soit 1,7% en avril 2019 contre 1,4% en mars. Cette progression s’est accompagnée par la hausse de l’inflation sous-jacente, qui a atteint 1,2% en avril contre 0,8% en mars, soutenue par les augmentations des salaires et des dépenses sociales. Par ailleurs, la hausse des prix à la consommation s’est accélérée, en avril, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni pour refléter la forte hausse des prix de l’énergie.
Marchés émergents : des hauts et des bas
Pour les pays émergents et les économies en développement, leur taux d’inflation est demeuré relativement stable depuis le second semestre de l’année 2018, à l’exception de celle de la Turquie et de l’Argentine, où l’inflation s’est accentuée en raison d’une forte dépréciation de leurs monnaies nationales. Les prix internationaux des matières premières se sont inscrits, pour la plupart, à la hausse au cours du premier trimestre de l’année 2019.
Toutefois, ces accroissements ne sont pas encore suffisants pour compenser les pertes cumulées durant la seconde moitié de 2018. La dégradation des relations commerciales sino-américaines pourrait induire une baisse des prix des matières premières notamment avec l’entrée en vigueur, au début de mai, d’un nouveau relèvement des tarifs douaniers (de 10% à 25%) sur plusieurs produits importés de Chine pour un montant total de 200 milliards de dollars par les Etats-Unis.
Les prix des produits alimentaires ont, globalement, augmenté au cours du premier trimestre de l’année 2019. L’indice des produits alimentaires de l’ONU pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a, quant à lui, atteint en mars son plus haut niveau depuis août 2018, pour enregistrer une hausse de 2,5% au premier trimestre de 2019 par rapport au quatrième trimestre de 2018. Les prix des matières premières industrielles ont augmenté au cours du premier trimestre de l’année 2019, malgré la contraction de l’activité manufacturière chinoise et la baisse des échanges commerciaux en raison de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.
En ce qui concerne la politique monétaire internationale, et face à la multiplication des signes de ralentissement de l’activité économique, de nombreuses banques centrales ont maintenu leurs taux directeurs à des niveaux faibles tout en annonçant la possibilité de prolonger les programmes de soutien au prêt. La BCE a décidé de maintenir son taux directeur inchangé d’ici 2020, et ce, suite au ralentissement de l’activité économique européenne. La réserve fédérale américaine a annoncé qu’elle maintiendrait des taux d’intérêts compris entre 2,25 % et 2,50% d’ici 2020. La Banque Populaire de Chine a procédé, tout récemment, à l’assouplissement de sa politique monétaire sur fond de ralentissement de l’activité économique.