Le retentissant exploit réalisé, samedi dernier, par le Club Sportif de Sakiet Ezzit en finale de la Coupe de Tunisie est encore sur toutes les lèvres des amateurs de handball que compte le pays. En effet, quelques jours après ce «great event», on en parle encore avec autant d’étonnement que d’admiration, sur fond de questions sordides : comment une petite équipe sombrant dans les profondeurs du classement du championnat a-t-elle pu défier puis surprendre le seigneur actuel de ce sport en Tunisie ? D’où provenaient ces formidables ressources mentales et physiques qui lui ont permis de résister si héroïquement jusqu’au bout de l’exploit ? Comment a-t-elle réussi à effacer, d’un audacieux revers de main, la fameuse et vieille histoire de David et Goliath? Qui l’eût cru? Qui aurait soupçonné une seconde que l’Espérance, la grande Espérance aux pieds de laquelle tout le monde rampait et se faisait petit, échouerait de la sorte dans cette fête annuelle de notre handball ? En somme, d‘aucuns n’y croyaient, sauf eux, ces braves guerriers venus de Sakiet Ezzit, c’est-à-dire d’un gouvernorat où, de tradition, ce sport ne vaut pourtant que par le rayonnement des arbitres, aucune équipe sfaxienne n’ayant, jusqu’ici, remporté ni coupe ni championnat en seniors !
Une stratégie payante
Si historiquement, les clubs sfaxiens de Gremda et Chihia ont toujours tout fait pour honorer leur région sans jamais atteindre le sommet de la hiérarchie, seul celui de Sakiet Ezzit y est parvenu. Pas pour rien, mais tout simplement à la faveur d’une stratégie où se côtoient l’imagination, l’application et la rigueur. Mettant le paquet, le président du club, Sabeur Belghith, a, depuis son intronisation, il y a trois ans, tôt fait de révolutionner l’environnement de l’association, à coups de renforts en joueurs et entraîneurs. Cet effort de recrutement des plus colossaux allait rapidement porter ses fruits lorsque l’équipe réussit à atteindre son premier double objectif, à savoir le maintien parmi l’élite et le titre de Champion arabe des clubs. Une année plus tard, les nouveaux ambassadeurs du handball sfaxien s’adjugent leur second sacre arabe, et ratent de peu le titre africain au Maroc. «C’est à partir de là que nous avons eu la nette persuasion que nous sommes en mesure de remporter un titre sur le plan national», affirme M. Belghith qui précise : «Nous avons, depuis, mis tout en œuvre afin de maintenir la pression sur le groupe et de rester dans cette dynamique de victoire et, Dieu merci, tout a marché comme sur des roulettes et notre rêve, grand rêve, est devenu réalité». Pour la dynamo de l’équipe et son cœur battant, Mohamed Amine Ben Ghanem (un nom pour M. Gerona), «notre ensemble, désormais aguerri et soudé, commençait à voir plus grand depuis l’année dernière et le voilà royalement récompensé, cette saison».
Joueur de classe qui est, à 24 ans, capable de faire les beaux jours des grands clubs du pays, Ben Ghanem, incontestablement le plus en vue lors de cette dernière finale de la Coupe, estime que «Sakiet Ezzit a mérité amplement ce sacre. D’abord, parce que nous y tenions fermement. Ensuite, parce que nous avons su profiter intelligemment des points faibles de notre adversaire. Enfin, parce que nous possédons une belle équipe qui ne manque absolument de rien pour rivaliser avec les grosses cylindrées de notre handball. «Et c’est vrai, puisque le groupe, bien dirigé par l’entraîneur qui monte Achref Masmoudi, regorge de joueurs talentueux à l’instar de Zoubeïr Erraïes, Fakher El-Oued, Najeh Njah, Ghazi Memmich, Hamza Frej et Achref Mergheni. «D’ailleurs, lance fièrement Sabeur Belghith, certains de nos joueurs sont désormais convoités par des clubs tunisiens et arabes du Golfe. Que nenni, ils resteront parmi nous car nous avons d’autres challenges à gagner».
Effectivement, ayant enfin atterri dans la cour des grands, le CSSE aura le double honneur de disputer, la saison prochaine, la supercoupe tunisienne (face encore une fois à… l’Espérance) et d’organiser la prochaine édition de la Coupe d’Afrique des clubs vainqueurs de coupe, outre sa participation «habituelle» au championnat arabe.
Trois challenges d’une extrême importance que ce petit club devenu grand fera tout pour gagner, surtout avec les mannes d’argent qui commencent à couler depuis le dernier triomphe historique de Radès. Entretemps, on continue à Sakiet Ezzit et dans les quatre coins de la capitale du Sud de fêter en grande pompe ce triomphe inoubliable et miraculeux. Salut les héros.
Mohsen ZRIBI