Alors que nous vivons une crise politique et économique consécutive à une décennie noire où tous les secteurs ont été en butte à des difficultés, les arts scéniques et la culture semblent être loin des radars des stratégies de réformes et de priorité des agendas possibles envisagés pour une reprise des activités et de la croissance.
Cela se passe paradoxalement dans une période où le halo des projecteurs a été dirigé vers notre pays grâce aux Journées cinématographiques de Carthage, à la Foire internationale du livre de Tunis et aux Journées théâtrales de Carthage. Cela révèle le peu de considération qu’on réserve à la culture et à la création dans notre pays. Pourtant, le théâtre a été un moyen parmi tant d’autres qui ont participé à l’épopée de la libération et à l’œuvre de civilisation que notre pays a connue. À des moments où la colonisation évacuait toute forme d’expression nationale, des hommes, qui ont vite épousé l’art dramatique, luttaient contre le phénomène de l’acculturation et ont joué un rôle important dans la préservation de l’identité nationale. À l’aube de l’indépendance, en plus de la glorification des martyrs de la lutte nationale, le quatrième art a réellement contribué à l’édification de la Tunisie moderne, à l’émergence de nouveaux talents et au développement du goût des citoyens, outre la sensibilisation aux grandes questions de la société et aux préoccupations des citoyens.
Ainsi, au fil de six décennies, l’on peut s’enorgueillir d’avoir compté parmi nos intellectuels d’illustres hommes qui ont façonné le théâtre tunisien, qui joue désormais dans la cour des grands. En effet, les arts du spectacle et, en particulier, le théâtre constituent l’une des expressions les plus importantes de la vie culturelle, du développement démocratique de la société, illustrent le dialogue des civilisations et des religions et favorisent cet échange permanent entre les cultures. Après la clôture hier de cette édition des JTC, on baissera le rideau encore une fois sur un secteur qui souffre de plusieurs maux. On n’entendra que rarement les trois coups du brigadier sur nos scènes. C’est le drame de la culture dans notre pays.