Si le ravageur n’est pas confiné et éradiqué très vite, les impacts économiques, sociaux et environnementaux seront considérables, a précisé l’Association des amis du Belvédère.
Une Coalition citoyenne contre le charançon rouge du palmier (4C) a été récemment mise en place et a engagé un processus de mobilisation nationale qui sera couronnée par une grande marche de protestation qui se tiendra le 15 juin, à Tunis, selon l’Association des amis du Belvédère (AAB).
Le principal objectif de cette coalition, lancée par l’AAB, est la mobilisation par le gouvernement des ressources nécessaires. Elle vise à porter la voix des différentes parties prenantes (petits et grands agriculteurs, hôteliers, industriels et exportateurs de dattes, écologistes, scientifiques, syndicats…) afin que les autorités nationales et locales engagent une véritable mobilisation nationale de lutte participative et intégrée pour la gestion du charançon rouge des palmiers.
Voilà plus de 8 ans que le charançon rouge du palmier (CRP) sévit dans le Grand-Tunis et les gouvernorats limitrophes, et constitue un véritable danger pour les oasis. Si le ravageur n’est pas confiné et éradiqué très vite, les impacts économiques, sociaux et environnementaux seront considérables, a précisé l’association.
A ce jour, plus de 7.000 palmiers d’ornements (palmiers des Canaries, Phoenix canariensis) sont infestés, soit pratiquement 20% des palmiers d’ornement recensés dans le Grand-Tunis. La situation est dramatique aussi bien pour le paysage urbain que pour l’image touristique de la Tunisie (Grandes avenues et Places de Tunis et sa banlieue, les hôtels,…), lit-on dans le communiqué.
Cette coalition revendique l’organisation d’une expertise nationale et surtout internationale pour la mise en œuvre d’un programme national de lutte contre le charançon rouge des palmiers, la formation d’un comité national et des comités régionaux pour le suivi du programme CRP et la mise en œuvre d’un programme de gestion participative et intégrée du charançon rouge des palmiers qui devra répartir précisément les rôles et les responsabilités entre les différents intervenants et permettre une détection précoce des palmiers infestés et une intervention rapide.
Sur le plan économique, le coût moyen de traitement, d’assainissement d’un palmier de 10 m infesté par le CRP, son abattage quand c’est nécessaire, peut être estimé à 5.000DT sans tenir compte de la valeur patrimoniale inestimable (la perte économique est estimée à 5.000 DT / 7.000 palmiers = 35 millions de DT).
En Tunisie, la filière des dattes occupe la deuxième place au niveau des exportations des produits agricoles, après l’huile d’olive. Elle participe à 19% de la valeur totale des exportations agricoles. Pour la seule période allant du 1er octobre 2017 jusqu’au 26 septembre 2018, la quantité exportée a atteint environ 129.000 tonnes, pour une valeur de 763 millions de dinars.
Selon la même source, 10 % de la population tunisienne vivant dans les oasis serait directement impactée par les dégâts en cas de contamination.
Plus de 50.000 hectares d’écosystèmes oasiens correspondant à 261 oasis (17% sur le littoral; 6% montagnardes et 77% sahariennes) riches en biodiversité seraient menacés de désertification.
L’association a fait savoir que 60.000 producteurs de dattes abandonneraient leurs terres (56% à Kébili; 20% à Gabes; 19% à Tozeur et 5% à Gafsa) pour migrer vers les grandes villes ou ailleurs. 5,5 millions de palmiers dattiers seraient menacés d’éradication.
72 unités de conditionnement répartis entre le Sud et le Nord du pays pourront fermer et des milliers d’emplois seraient perdus. La valeur patrimoniale matérielle et immatérielle des palmiers dattiers et des oasis inestimables pour le pays serait menacée de disparition à jamais.
Les pertes d’emplois, tout au long de la chaîne de valeurs du palmier dattier en Tunisie, seront considérables, a ajouté la même source.