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Bouden et les médias publics

Il est clair que la Cheffe du gouvernement et les médias publics ne vont pas barboter dans un bain de miel durant son mandat. En effet, depuis qu’elle est à La Kasbah, elle fuit les médias comme le diable fuit l’eau bénite. Cette attitude a été perçue comme un signe de black-out sur la communication gouvernementale. Et voilà que sa circulaire N°20, qui plonge davantage l’administration tunisienne dans un renfermement et une rétention de l’information, confirme cette tendance au repli et à violer le droit d’accès des Tunisiens à l’information.

Mais elle ne semble pas vouloir s’arrêter à ce niveau puisqu’elle a lâché la bride à sa ministre des Finances pour bloquer le fonctionnement normal des médias publics qui tirent le diable par la queue à cause de la crise financière dans laquelle ils se débattent. En effet, cette dernière, sous prétexte que les médias évoluent dans un contexte concurrentiel, s’est interrogée dans une missive sur la nécessité de continuer à soutenir ces médias. On peut en déduire son intention de serrer la vis et de couper les vivres à des médias qui refusent de se mettre au pas en vue de les contraindre à servir l’action gouvernementale. Hormis la pression financière, ses services à La Kasbah se chargent du reste. En effet, les ordres de mission des journalistes appelés à effectuer des missions à l’étranger sont ignorés, voire refusés. Et là, on nous sort un argumentaire aussi débile que funeste. Il faut respecter la procédure, se justifient-ils.

C’est-à-dire envoyer un ordre de mission quinze jours à l’avance. Or les journalistes ne sont pas des fonctionnaires ordinaires et les conditions du métier exigent de nous une réactivité incompatible avec la lourdeur administrative et bureaucratique. Mais quand il s’agit d’accompagner la cheffe du gouvernement dans une mission à l’étranger, là on foule aux pieds cette sacro-sainte procédure.

Car c’est l’image de la Cheffe du gouvernement qu’on doit redorer. Donc, pour elle et les membres de son cabinet, le rôle des journalistes publics est un rôle de propagande, sans plus. Ne parlons pas non plus des économies de bout de chandelle opérées sur le dos de ces journalistes. En effet, les recommandations données aux conseils d’administration des entreprises médiatiques publiques s’orientent, non pas vers le développement des activités de ces médias, mais constituent des verrous supplémentaires qui freinent les rédactions, démotivent les journalistes et sapent leur moral.

En effet, on réduit le nombre de journalistes travaillant les dimanches, les jours fériés et la nuit par mesures d’austérité. Pourtant, on se démène jour et nuit pour fournir aux citoyens l’information qui est leur droit constitutionnel. Ainsi en a voulu Mme Bouden qui n’a pas écouté les journalistes, ne serait-ce qu’une seule fois, depuis son intronisation controversée à La Kasbah. Une situation inédite qu’on n’a pas vécue même avec les adversaires les plus acharnés de la liberté de presse dans notre pays. Continuer à mettre la pression sur les journalistes ne fera que nous donner plus de cran, plus d’audace et plus de détermination pour mener ce beau combat.

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