Depuis plus de dix ans, l’économie nationale peine à redémarrer. Entre désordres en cascade dans la gestion, blocages persistants de l’investissement public et privé, de l’appareil productif, inflation galopante, croissance en baisse, crise permanente des finances publiques, instabilité politique, le préjudice déjà très lourd pour notre économie a été accentué par la crise ouverte à l’échelle mondiale avec la pandémie du coronavirus et ses divers variants. Ce ne sont que des indicateurs d’une année économique en petite forme.
De l’avis de nombreux opérateurs, les raisons structurelles de la crise économique sont toujours en vigueur. La crise sanitaire est venue rappeler à qui veut bien l’entendre la faible résilience de l’économie tunisienne aux chocs internes et externes. A ce stade, l’année 2021 a été consacrée au pansement des plaies sociales du covid-19 et la redynamisation des filières affaiblies par cette crise sanitaire. De ce fait, le big bang des réformes annoncées tout au long de l’année 2020 et des années précédentes n’a pas eu lieu.
Cela dit, les experts et acteurs économiques, tout prudents qu’ils sont, ne se privent pas d’alerter davantage le gouvernement quant aux retards accusés sur certains chantiers de réforme.
La situation demeure critique sur tous les plans et de grandes menaces pèsent sur l’environnement socioéconomique du pays. En effet, la sauvegarde du tissu économique existant et d’un minimum de pouvoir d’achat des couches les plus vulnérables de la population commande le passage obligé par des mesures plus audacieuses que celles jusque-là retenues. Les réformes, qui, depuis des années, étaient chaque fois renvoyées à plus tard, deviennent maintenant incontournables.
Les coups d’essai se multiplient et se ressemblent désormais, faisant fi du fait que certaines décisions peuvent nous propulser dans des zones de turbulence qu’on pourrait éviter, surtout en ce moment où des secteurs agonisent, où des ménages ont basculé dans la détresse, où la flambée des prix des matières de première nécessité creuse davantage les inégalités sociales.
L’année 2022 va-t-elle inaugurer un nouveau cycle économique? Rien n’est moins sûr. Les perspectives 2022 sont entourées d’incertitudes, et même s’il y a une reprise, elle sera des plus fragiles. Malgré une avancée forte et généralisée des campagnes de vaccination, de fortes craintes et des incertitudes continuent à semer le doute dans les esprits des opérateurs économiques.
Toutefois, sans une mobilisation nationale de toutes les énergies, un engagement actif de l’ensemble des acteurs, un plan de relance et de sauvetage urgent, c’est toute notre économie qui est menacée d’effondrement. L’année 2022 nous met, certes, devant des choix difficiles, des arbitrages complexes, mais surtout devant de grandes responsabilités à assumer.