LES appels pour manifester aujourd’hui fusent de partout. Ce droit constitutionnel doit être respecté et garanti. Cependant, ces manifestations, qui sont encadrées par les lois et bien gérées par les forces de l’ordre pour éviter toute confrontation, violences ou acte de vandalisme, ne doivent pas non plus servir de prétexte pour faire fi des recommandations et autres mesures édictées par le Comité scientifique de lutte contre le coronavirus. Car accuser ceux qui veulent protéger la santé des Tunisiens de politiser la gestion de cette vague de la pandémie pour réduire l’affluence des opposants à Saïed, c’est courir droit à la catastrophe sanitaire comme ce fut le cas pendant le mois de juillet dernier.
C’est aussi nier que les objectifs derrière cette manifestation sont purement politiques. Il est des moments où le bon sens doit prévaloir avant les calculs politiques des uns et des autres, car on craint qu’après cette mobilisation, on recommence à compter les morts et à enterrer les cadavres. On sait que notre système sanitaire n’a pas évolué en six mois et que le point de rupture peut être atteint si une nouvelle ruée sur les centres hospitaliers est engagée. Où est le mal si les manifestations ont lieu dans les régions ? Dans les quartiers ou à travers les réseaux sociaux ? Déjà, les parents qui craignent pour leurs enfants s’inquiètent de la flambée de la pandémie dans les écoles. On sait aussi que le premier facteur de transmission du virus reste le transport en commun et auquel on n’a pu trouver une solution radicale, alors que la présentation du passe vaccinal ne fait pas encore partie de notre culture sanitaire, sans parler du non-respect des gestes barrières et du port du masque. Faut-il pour autant en rajouter une autre couche de risques en exposant à la contamination une marée humaine avec comme seul objectif montrer au monde un nombre important de citoyens contre Saïed. On peut être contre le Chef de l’État mais pas au point d’être insouciant des méfaits de ce virus sur la santé publique.