Une polémique stérile plus qu’un débat est engagée entre le ministère de l’Education et ses syndicats. Et, particulièrement, la turbulente Fédération générale de l’enseignement secondaire (Fges). C’est la crise sanitaire qui en est la cause. Faut-il, oui ou non, fermer les établissements scolaires ?
Bien sûr, la Fges maintient, contre l’avis du comité scientifique, sa position favorable à une fermeture immédiate des écoles, collèges et lycées. Pourtant, les membres de cette fédération n’avaient cessé d’affirmer qu’ils respectaient ce comité et ses décisions. Mais, confrontés à la mesure prise de ne pas adopter l’arrêt des cours par les autorités scientifiques, les responsables de la Fges n’ont rien trouvé mieux que de s’en tenir à leur entêtement.
Désorganisation totale ?
Certes, il y a des parents qui sont du même avis et qui sont dans la crainte pour leur progéniture. Il y a, aussi, l’autre position qui va dans le sens du maintien des cours, quelle que soit la conjoncture. Ils sont convaincus en cela par le fait que plusieurs pays ne se sont pas laissé impressionner par l’expansion rapide de la pandémie, somme toute, sans grande dangerosité pour l’écrasante majorité des élèves.
De ce fait, tous les élèves et leurs parents vivent depuis le début de cette saison scolaire dans un climat d’expectative et d’attentisme fort nuisible à la psychologie des uns et des autres. Malheureusement, cette polémique que beaucoup qualifient d’inutile et de malvenue ne fait qu’envenimer, davantage, le climat.
En même temps, cette controverse ne fait qu’amplifier l’impact de la crise du coronavirus et rend plus complexe une sortie à moindres frais. Et, par conséquent, nous voyons, malheureusement, que ce qui se passe à l’heure actuelle ne facilite en rien les parcours scolaires de nos enfants et leur rend la vie plus dure qu’elle ne l’est.
C’est la raison pour laquelle il faudrait être plus en phase avec les développements de la situation tout en gardant à l’esprit l’intérêt de l’élève et du pays sans avoir des arrière-pensées corporatistes ou partisanes. On ne peut plus se permettre le luxe des palabres inutiles aux dépens du profit que l’on peut tirer en faveur de notre système éducatif.
Quand on constate la quasi-désorganisation qui prévaut, on ne peut que s’en plaindre. D’autant que l’on en est à la troisième année de crise sanitaire. Le grave manque à gagner pour nos élèves et nos étudiants ne peut plus se poursuivre encore. Car quelles que soient les mesures qu’on pourrait prendre ou envisager, il sera difficile, voire impossible, de parer à ce manque. Ce qui est fait est fait.
D’où la nécessité de laisser un peu de répit aux autorités pour apporter les solutions les plus pressantes aux nombreux problèmes qui ne cessent de s’accumuler et qui ne contribuent pas à assainir un climat déjà tendu entre, d’une part, un syndicat intraitable et intransigeant, et, d’autre part, un ministère empêtré dans d’infinies difficultés.
En général, ce sont les élèves et leurs parents qui subissent au quotidien les contrecoups de ce bras de fer entre les deux parties en conflit (nous entendons Fges et le ministère).
Les innombrables problèmes rencontrés, aujourd’hui, ne devraient, normalement, pas exister.
Victimes collatérales
Malheureusement ce n’est pas le cas. Alors que l’on est au cinquième mois de l’année scolaire et qu’il n’en reste à peine que quatre autres, on a tous vu que presque tous les élèves ne connaissent pas leurs résultats officiels malgré ce que nous annonce le Cnte (Centre national des technologies en éducation).
Pour diverses raisons, ces résultats ne parviennent pas aux intéressés ; ce qui ne permet pas de se faire une idée sur le reste du chemin encore à parcourir. Les évaluations nécessaires ne peuvent pas être effectuées convenablement et en temps opportun. Ce qui fait que la plupart de nos enfants seront handicapés par ces contreperformances, fruit de ces querelles interminables entre deux antagonistes.
Quand on voit, aussi, ce chaos qui règne avec des établissements ou des classes fermés et d’autres non, on ne peut que s’en désoler. Un tel rythme à plusieurs vitesses représente un grave danger pour ce qu’on appelle l’égalité des chances. Sur ce point, le syndicat des inspecteurs de l’éducation avait, déjà, établi son diagnostic. Ce volet, laissent-ils entendre, est bel et bien menacé.
Aujourd’hui, tous nos élèves n’ont aucune visibilité. L’inquiétude et l’indécision règnent en maîtres. Comment faire, alors, pour retrouver cette sérénité et cette ambiance de quiétude qui devraient caractériser tout cursus scolaire ?
Quand on cherche le bien du pays, on ne doit pas mettre des bâtons dans les roues et chercher la petite bête là où elle n’est pas.
Il est inacceptable de continuer dans cette voie et feindre d’ignorer les intérêts des élèves et celui de notre système éducatif. L’entêtement de la Fges à considérer que seule sa position est juste va à l’encontre de tout bon sens.
Notre pays a perdu assez de temps tout au long de cette sinistre décennie pour qu’il puisse persister à poursuivre dans le même chemin.
Il suffit d’imaginer la situation dans laquelle vivent nos enfants pour comprendre l’urgence qu’il y a à dépasser les polémiques stériles et passer la vitesse supérieure. La vitesse qui devrait nous aider à rattraper le précieux temps perdu.