Une fois, c’est le poids de la baguette qui est manipulé, une autre fois, il s’agit du prix inconcevable au point d’en faire la baguette de toutes les controverses.
Alors que le prix de la baguette est de 190 millimes, voilà que de nouveaux dérapages sont constatés dans certaines boulangeries du pays. A Tunis déjà, les boulangers ne rendent jamais la monnaie des 200 millimes que l’on remet pour acheter une baguette standard. Dans les supermarchés, c’est pire encore puisque le prix inattendu de 220 millimes est affiché sur le ticket de caisse du client. Mais ce n’est pas tout. Le prix de la baguette, fabriquée à partir de la farine qui est subventionnée par la Caisse de compensation, s’envole dans les régions intérieures. Des citoyens ont, en effet, dénoncé le fait que des boulangeries vendent désormais la baguette à 250, voire 300 millimes, apprend-on de source sûre. Des dépassements que le président de la Chambre nationale des propriétaires de boulangeries, Mohamed Bouanane, désavoue en appelant au boycott de la baguette dans les boulangeries qui la vendent à un prix supérieur à 190 millimes, puisque ce sont des boulangeries anarchiques qui ne se plient pas à la réglementation dans la profession comme celle de ne pas disposer d’une licence officielle pour exercer. Depuis la Révolution, elles n’ont cessé de proliférer et d’exercer dans l’illégalité avec tous les abus que l’on peut imaginer.
Attention aux boulangeries anarchiques
Bouanane, qui n’a pas hésité à en dire plus, a également appelé les autorités à intensifier les campagnes de contrôle afin de mettre fin à de tels dépassements qui touchent au pouvoir d’achat des Tunisiens. Sur les ondes d’une radio locale, il a insisté sur la nécessité de vérifier la catégorie des boulangeries avant l’achat du pain. Un commentaire cinglant de la part d’un lecteur incite à la réflexion : « Pourquoi ne parle-t-on pas des 300 000 DT, valeur du pain jeté chaque jour dans les poubelles ?
Les 50 millimes de plus dissuaderont-ils pour autant le Tunisien de gaspiller ? ». En effet, on sait que 900 000 pains sont jetés chaque année par les Tunisiens entre consommateurs et boulangeries, ce qui relève d’un gaspillage démesuré et irresponsable.
Au lieu de les jeter, on peut les utiliser dans une recette bien connue appelé « pain perdu » qui consistent à les poêler au beurre et au sucre, pardi ! Ce professionnel boulanger relevant de l’Utica indique enfin que la loi oblige les boulangeries à mettre une pancarte confirmant au client qu’il s’agit d’une « boulangerie classée », avec des prix fixes pour tous les types de pain. Sauf qu’en réalité, on ne voit nullement cette pancarte dans les boulangeries même celles qui semblent se plier à la réglementation. Chercher une boulangerie avec cette fameuse pancarte, c’est comme « chercher une aiguille dans une botte de foin ». Des consommateurs de pain avertis ont même relevé une supercherie sur des baguettes qui pèsent parfois moins que le poids qu’elles devraient avoir.