«Penser comme un designer peut transformer la façon dont vous développez un produit, un service, un processus et même une stratégie» -Tim Brown-
Une vision de l’innovation purement techno-centrée est impensable aujourd’hui, et une philosophie du management, axée sur les stratégies existantes, risque de se révéler inadaptée face aux nouveaux développements à l’échelon national et international. Nous devons nous tourner vers des options inédites, de nouvelles solutions qui répondent aux besoins de chacun et de la société tout entière avec des idées neuves pour résoudre les problèmes de la santé, de la pauvreté, de l’éducation et bien d’autres ; des stratégies qui créeront la différence et susciteront l’enthousiasme.
La pensée design est un processus non directif, itératif et ouvert sur l’extérieur, qui se démarque notablement des processus linéaires. Comme le reconnaissait le légendaire Charles Eames, le designer a pour caractéristique d’embrasser volontairement les contraintes. Sans l’existence de limites il ne peut y avoir de design, et le meilleur du design est souvent réalisé dans un cadre restrictif. L’acceptation délibérée, voire enthousiaste des limites imposées, est au fondement même de la pensée design.
La première étape du processus de design porte sur la hiérarchisation des contraintes et l’établissement d’un schéma d’évaluation. Trois critères indissociables conditionnent la validité d’une idée : la faisabilité d’un point de vue fonctionnel et réalisable dans un avenir prévisible, la viabilité dans un modèle économique durable et la désirabilité en réponse aux attentes des utilisateurs ou consommateurs. Un designer compétent sait répondre à chacun de ces trois critères, mais un adepte du «Design Thinking» sera en outre capable de les conjuguer dans un équilibre harmonieux.
L’entreprise qui respecte les préceptes de la pensée design, et qui replace l’homme au centre de ses préoccupations, agit dans son propre intérêt. Si elle comprend mieux ses clients, elle saura répondre plus efficacement à leurs besoins et à terme en retirera des profits et une croissance durable. En adoptant la posture d’un acteur dans le monde des affaires, une idée, aussi noble soit-elle, n’a de valeur que si elle résiste à l’épreuve du bilan. Mais ce n’est pas une posture unilatérale, les organisations adoptent de plus en plus une approche centrée sur l’homme parce que les attentes du public ont évolué dans le même sens.
En tant que consommateurs, ou utilisateurs, d’un produit ou d’un service, nous exprimons des exigences nouvelles et d’un ordre différent, nous voulons contribuer à définir l’offre qui nous est destinée. Pour répondre à ces attentes, les entreprises doivent renoncer partiellement à leur autorité souveraine sur le marché et engager un dialogue avec leurs clients. Cette mutation se déroule sur trois niveaux.
Premièrement, la ligne de démarcation entre les «produits» et les «services» s’estompe à mesure que les utilisateurs passent de l’attente d’une performance fonctionnelle à l’exigence d’une expérience de plus en plus épanouissante.
Deuxièmement, l’application de la pensée design gagne une portée nouvelle à mesure que des produits et des services, auparavant singuliers, évoluent et se transforment en systèmes complexes.
Troisièmement, les producteurs, les consommateurs et tous ceux qui se situent entre eux prennent conscience que nous entrons dans une ère de limites. Le cycle de la consommation à tout-va ne pourra plus se poursuivre indéfiniment.
La pensée design doit s’orienter vers la formulation d’un nouveau contrat social participatif. L’époque où l’on pensait en termes antagonistes de «marché d’acheteurs» et de «marché de vendeurs» appartient au passé. La nouvelle donne nous concerne tous.
Brahim NABLI
Coach Professionnel-Expert en communication