A la lumière des conclusions qui ont sanctionné les travaux du 25e Congrès national de l’Ugtt et au vu de la nouvelle équipe qui dirigera la centrale syndicale d’ici à 2027 sous l’impulsion de Noureddine Taboubi, il est fort légitime d’avancer qu’une nouvelle page s’est ouverte entre la Place Mohamed-Ali, Carthage et La Kasbah avec la bénédiction et l’aval actif de l’Utica
Qu’est-ce que les Tunisiens et les Tunisiennes, plus particulièrement les syndicalistes, doivent attendre des conclusions qui ont sanctionné vendredi 18 février 2022 les travaux du 25e Congrès national de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) tenu à) Sfax, pour ce qui est des futurs rapports que la future direction de la Centrale syndicale ouvrière aura à entretenir, durant les cinq prochaines années, avec le Président de la République Kaïs Saïed, volet aboutissement attendu du processus du 25 juillet et du 13 décembre 2021, et avec la Cheffe du gouvernement Najla Bouden pour ce qui est de l’application des accords déjà conclus avec la centrale de la Place-Mohamed Ali et également en matière de cautionnement du programme économique et social que le gouvernement envisage de soumettre au Fonds monétaire international (FMI) dans l’objectif d’accéder aux milliers de milliards que les Tunisiens attendent avec impatience de la part du Fonds ?
Pour être plus clair, les Tunisiens, qui sont convaincus que «l’avenir de la Tunisie ne se fera pas sans l’Ugtt, comme l’a affirmé solennellement Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Ugtt, à l’ouverture des travaux du Congrès à Sfax et qui attendent beaucoup des déclarations apaisantes et rassurantes de Samir Majoul, président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), lors de la même occasion en soulignant que l’Utica et l’Ugtt feront ensemble tout pour sauver la Tunisie de la crise dans laquelle elle se morfond depuis maintenant dix ans, se pose la question suivante avec insistance:
au vu de ce qui a été dit lors des assises du congrès et sur la base des recommandations inscrites dans les motions qui ont couronné le congrès et aussi de la nouvelle composition du bureau exécutif où Noureddine Taboubi est investi d’un nouveau mandat de cinq ans en tant que secrétaire général, entouré de ses principaux lieutenants du précédent mandat, l’Ugtt va-t-elle ouvrir une nouvelle page de ses rapports avec le gouvernement Najla Bouden et aussi avec la présidence de la République?
Une nouvelle page de rapports qui seront marqués par la quête quotidienne des syndicalistes à satisfaire, d’une part, les revendications sociales (augmentations continues des salaires sur la base des majorations triennales aussi bien pour le secteur et la fonction publics que pour le secteur privé) de leurs militants et, d’autre part, de prendre en considération les contraintes auxquelles le gouvernement est confronté pour ce qui est de répondre positivement aux conditions-exigences que lui impose le FMI afin de lui ouvrir les vannes et de lui servir les milliers de milliards tant attendus.
On renforce les conditions des négociations
Toutes ces questions, conjuguées aux propositions formulées par Samir Majoul, président de l’Utica, appelant à ce que l’Ugtt et la centrale patronale mettent ensemble un plan de relance économique et de le présenter, aux côtés du gouvernement, à la Banque mondiale et au FMI résultent-elles finalement d’un accord consensuel sur la base duquel l’Ugtt et l’Utica s’engagent à concrétiser ce que Majoul a annoncé lui-même devant les congressistes en indiquant clairement: «Le patronat et le syndicat doivent assumer leurs responsabilités avec l’Etat face à la crise économique actuelle».
Un discours où on sent une volonté d’apaisement avec le gouvernement et d’instauration de nouveaux rapports de compréhension et d’entente. Ce même discours pourrait apparaître comme en contradiction avec celui de Sami Tahri qui donne, en effet, l’impression «d’épingler les promesses en l’air du gouvernement» en dénonçant les tergiversations du même gouvernement pour ce qui est de l’application des accords déjà conclus avec l’Ugtt.
Sauf qu’en réalité, il ne fait que renforcer par ses déclarations les conditions de négociations avec Najla Bouden et ses ministres.