En Tunisie, l’économie sociale et solidaire demeure limitée par plusieurs contraintes comme le cadre institutionnel, législatif, financier, fiscal et réglementaire. Ce secteur aurait dû, depuis longtemps, se doter d’une vision stratégique et d’un plan de mise en œuvre pour devenir un véritable levier de croissance inclusive en faveur de la création de richesse et d’emplois. L’Atuge vient d’organiser une conférence sur le thème : « Entreprendre dans le cadre de l’Économie sociale et solidaire en Tunisie » pour répondre à de multiples questionnements comme : « Est-ce-que le nouveau modèle économique viable, équitable et inclusif centré sur l’homme est représentatif d’une gouvernance démocratique appropriée ? », « Quelles sont les dispositions générales, le champ d’application et ses différentes structures ? » ou encore « Quel positionnement et quel est le degré d’implication de l’Etat ? »
Lors de cette rencontre, Nasreddine Nsibi, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a annoncé qu’un budget de 30 millions de dinars sur trois ans sera consacré à l’Economie sociale et solidaire (ESS). Une enveloppe qui sera octroyée à raison de 10 millions de dinars par an, et ce, à partir de 2022. Selon lui, l’Economie sociale et solidaire est aujourd’hui une expérience concrète et un projet d’avenir. « Pour le gouvernement, l’ESS est un dossier ouvert depuis ma prise de fonctions. J’ai estimé que la loi telle que adoptée, et qui n’est pas encore entrée en application, nécessite quelques ajustements », a précisé Nsibi. Il a reconnu qu’une certaine faiblesse a été identifiée à cause de la difficulté rencontrée dans la rédaction des décrets d’application. Pour faire face à cette faiblesse, il a été proposé de modifier cette loi dans l’objectif d’une refonte approfondie. « Le nouveau projet de loi sera examiné au plus tard au mois d’avril 2022 en conseil des ministres, a assuré le ministre. L’ESS peut contribuer jusqu’à 10% du PIB et créer entre 40 et 50 mille emplois directs par an », a estimé le ministre. Contrairement à l’économie classique, dans l’ESS, il faut tout centrer sur l’humain. « L’ESS a un potentiel important en matière de création d’emplois et de richesse. Elle peut être rentable sans entrer dans la logique traditionnelle de la rentabilité. Une entreprise ESS peut générer 4 à 5 salaires sans pour autant avoir des charges d’exploitation. Il faut donc des financements à caractère spécifique », a indiqué Nsibi.