Un rapport publié l’année dernière par un groupe de défense basé au Royaume-Uni a conclu que la santé de Morsi se détériorait dans la prison de haute sécurité « Al-Aqrab » (« Scorpion » en français, qualifiée de « cachot sordide » par Le Figaro en 2014-Ndlr) du complexe carcéral de Tora au Caire et que «ne pas lui fournir un traitement médical adéquat pourrait entraîner sa mort prématurée ».
L’ex-président Mohamed Morsi est mort, hier, après une audition au tribunal au Caire à la suite d’un malaise, a annoncé la télévision d’Etat égyptienne.Le décès du premier « Raïs » élu démocratiquement a été, par la suite, confirmée par des sources sécuritaire et judiciaire, a fait savoir l’Agence France-Presse (AFP).
D’après ces mêmes sources, l’ancien président issu de la confrérie des Frères musulmans, en détention depuis 2013, s’est exprimé, hier, devant un tribunal avant de s’effondrer, puis d’être transféré à l’hôpital.
Hommage d’Erdogan et Tamim: ses principaux soutiens
La disparition de Morsi a suscité la réaction de ses principaux soutiens, notamment le président turc Recep Tayyip Erdogan en lui rendant un vibrant hommage et en le qualifiant de «martyr ».
«Que Dieu accorde à notre martyr, notre frère Morsi, sa miséricorde», a déclaré Erdogan, hier, devant un parterre de journalistes. De son côté, l’émir du Qatar cheikh Tamim Ibn Hamad Al-Thani a exprimé «sa profonde tristesse» à l’annonce de cette mort « subite ».
«Nous avons reçu avec une profonde tristesse la nouvelle de la mort subite de l’ancien président Mohammed Morsi. J’adresse mes condoléances fraternelles à sa famille et au peuple égyptien», a tweeté l’émir du Qatar.
Né le 8 août 1952 dans le delta du Nil, en Egypte, marié et père de cinq enfants, ce technocrate a été élu député «indépendant» de 2000 à 2005, gravissant les échelons des Frères musulmans en ayant adopté un profil bas au sein de la confrérie fondée en 1928 par Hassan el-Benna.
Emprisonné en 2006 pendant sept mois, il est brièvement incarcéré durant le soulèvement contre Hosni Moubarak en 2011 avant de s’échapper de la prison pour devenir l’une des figures de proue de l’opposition.
Président du Parti Liberté et Justice, formation politique gravitant autour des Frères musulmans, il avait été surnommé «la roue de secours», remplaçant de dernière minute du premier choix de la Confrérie, l’homme d’affaires Khairat al-Chater, déclaré inéligible par la commission électorale.
Après le triomphe à la présidentielle, retour à la case prison
Il représenta, ainsi, les couleurs de ce parti islamiste lors de la présidentielle de 2012, après la révolution de janvier-février 2011 et la démission du président Hosni Moubarak.
Le 24 juin 2012, il remporta le second tour du scrutin face à l’ex-Premier ministre, Ahmed Chafik avec 51,73 % des voix, soit environ un tiers des voix des inscrits aux élections, et devint ainsi le premier civil à occuper ce poste et élu démocratiquement. Le 30 juin 2012, Mohamed Mohamed Morsi Issa Al-Ayyat est officiellement investi cinquième président de la République Arabe d’Égypte.
« Les manières simples et l’air affable » de cet ingénieur avaient contribué à un certain état de grâce durant ses premiers mois de présidence.
Il a fallu attendre le 3 juillet 2013, à la suite d’un vaste mouvement de contestation populaire, pour que ce père de cinq enfants soit renversé par un coup d’État organisé par l’armée et ayant conduit à une prise de contrôle du pouvoir par le maréchal Abdel-Fattah Al-Sissi.
« Comme vous savez, le tyran Sissi, qui a pris le pouvoir en Egypte en supprimant la démocratie à travers un coup, a jusqu’ici fait exécuter près de 50 Égyptiens. Et l’Occident garde le silence», a souligné le président turc Recep Tayyip Erdogan lors de son intervention, suite au décès de Morsi.
L’enfer du QHS « Al-Aqrab »
Accusé dans deux affaires (incitation à la violence contre des manifestants fin 2012 et espionnage au profit du Qatar), le président déchu a été condamné au total à 45 ans de prison.
Depuis sa mise en détention, Mohamed Morsi croupissait dans le quartier de haute sécurité (QHS) « Al-Aqrab »
(« Scorpion » en français, qualifié de « cachot sordide » par Le Figaro en 2014-Ndlr) du complexe carcéral de Tora, au Caire, avec d’autres leaders des Frères musulmans.
Néanmoins, la torture et les mauvais traitements infligés aux détenus dans cette prison sont rapportés de manière régulière par la presse et par les ONG de défense des droits humains.
Enfin, un rapport publié l’année dernière par un groupe de défense basé au Royaume-Uni a conclu que la santé de Morsi se détériorait en prison et que «ne pas lui fournir un traitement médical adéquat pourrait entraîner sa mort prématurée ».