De toutes les explications que peuvent offrir les meilleurs analystes du ballon rond, seule celle du terrain dispose de ce caractère péremptoire qui permet, par exemple, à un club, tel que le CA, d’éclaircir un horizon que d’aucuns semblaient percevoir orageux, il y a à peine quelques semaines.
L’implacable vérité du terrain a donc fini par replacer le CA dans une dynamique de victoire. Et pourtant, récemment, les derniers adversaires clubistes que sont l’USM, le CSC et l’ESZ ne présentaient pas les attraits de la proie facile pour un CA, affamé. Sans pour autant offrir une opposition de grande qualité aux Clubistes, ils ont fini par craquer face à plus déterminé qu’eux, tout simplement.
De la figuration à la course au titre, le CA semble enfin sur le chemin de la rédemption. Qu’il semble loin donc le temps où l’on reprochait aux Clubistes d’être trop « tendres » sur le terrain. A raison d’ailleurs, car au fil de certains matchs (face à l’ASS et l’OB), avant le déclic intervenu face à l’USM, le manque de cohésion et d’implication de certains joueurs était flagrant, et de sérieux doutes commençaient même à germer autour du CA de Montassar Louhichi. Et au CA de revenir de loin par la suite, plus fort dans le jeu, plus haut au classement, surtout à la réception du leader usémiste en début de mois, là où tous les ingrédients étaient réunis pour que ce choc sente la poudre. Et assurément, au révélateur du onze à Faouzi Benzarti, tout autre résultat qu’une victoire aurait embrasé les travées du stade Hamadi-Agrebi, mais certainement aussi le banc avec un coach attendu au tournant.
Mais voilà, après les remontrances, place à l’absolution et à la rémission pour un CA désormais sérieux, à défaut d’être intense sur le terrain. Un CA qui a su malgré tout déjouer les pièges qui se présentaient face à lui, à trois reprises consécutives.
Moez Hassan doit s’imposer dans les airs
Du collectif clubiste, passons au volet individuel, précisément en défense, dans les cages où un point important est à éclaircir. Le portier international Moez Hassan doit davantage soigner ses sorties et le timing de ses envolées sur corner ou coup-franc adverse. Souvent épargné par la critique, Moez Hassan n’en connaît pas moins plusieurs passages à vide depuis quelque temps. S’il reste en toutes circonstances un rempart de premier ordre, il ne parvient toujours pas à rassurer sa défense par des sorties aériennes autoritaires ou des prises de balle rassurantes. Même si mis à contribution, à plusieurs reprises, il a su préserver ses cages inviolées, dans les airs, il ne s’impose pas toujours. Sauf que faire incomber l’entière responsabilité des buts pris au portier clubiste serait une injustice. En clair, Moez Hassan ne pourra pas toujours compter sur un partenaire (Nader Ghandri) pour rattraper ses boulettes ! Se faire entendre, se faire voir également. Inspirer la crainte chez l’adversaire, l’ancien portier de Brest doit faire preuve d’un engagement total, notamment dans ses sorties (quitte à nous répéter). C’est principalement une question d’envie et, surtout, d’anticipation. Gageons qu’il pourra y arriver via une meilleure lecture du jeu qui lui permettrait de mieux se positionner et, ainsi, de sortir avec une meilleure marge de sécurité.
Pour peu que le temps fasse son œuvre en défense
Fermons la parenthèse Hassan et revisitons la ligne arrière. Premier de la poule B, le CA n’a pas pour autant la meilleure défense du groupe, qui revient à l’USM. Sauf que l’arrière-garde clubiste tient la route malgré des périodes de flottement ponctuel. Donc, sans vraiment assister à la naissance d’une véritable défense, solidaire et compacte, si le secteur défensif donne satisfaction, le CA a des chances de jouer les premiers rôles !Avec un secteur défensif où Ghazi Abderrazak évolue enfin, Ghandri s’épanouit pleinement et Skander Laâbidi gagne en confiance, il y a de bonnes raisons d’espérer et d’être rassuré. Mieux encore, dès le retour de Rami Bédoui et l’éclosion du jeune algérien Taoufik Cherifi, la défense pourrait prendre des allures de muraille, pour peu que le temps fasse son œuvre, et que certains trouvent à terme la bonne carburation avec leurs coéquipiers.
La mise en lumière
Deux ans après s’être limité à faire de la figuration sans décrocher une place d’accessit, les « naufragés » clubistes ont regagné la terre ferme. Transfigurés, ils disputent même le titre à leurs concurrents traditionnels cette saison. Comment expliquer ce passage, en quelques mois, d’une équipe moribonde à un prétendant au titre de champion de Tunisie ?Certes, depuis le début du parcours, le coach Louhichi répète à qui veut bien l’entendre qu’il faut laisser le temps que les choses se mettent en place. Mais la patience n’a jamais été le maître-mot au CA, plutôt un refuge de celui qui n’a pas le choix ! Ça tombe bien, surtout pour les fans, et au regard du contexte, le principal enseignement, outre cette capacité à répondre présent sur le terrain, c’est cette mise en lumière d’un CA qui ne peut plus avancer masqué. Le CA est désormais « le vrai rival » et inutile de tourner autour du pot. L’objectif clubiste est clair, net et parfaitement défini. Bref, après des années d’abstinence, le CA veut à nouveau redevenir un favori indiscutable.
crédit photo : © Mokhtar HMIMA