Une fois de plus, l’Espérance ne parvient pas à atteindre le sommet en Ligue des champions. Depuis longtemps, les raisons sont un secret de polichinelle. Mais tout le monde tourne le dos à la réalité.
On a l’impression que l’ESSétif avait amadoué l’Espérance à Alger où elle a fait le mort pour la piéger et la surprendre dans son propre fief au match retour joué avant-hier à Radès.
Personne n’aurait pu imaginer que l’ESSétif était capable de se métamorphoser de fond en comble en l’espace d’une semaine pour mettre à genoux une Espérance qui était pourtant prédestinée à exceller dans cette édition.Certains expliquent cette résurrection par le fait que les joueurs algériens, touchés dans leur amour-propre suite à la déclaration aussi provocatrice que simpliste de Jaïdi avant le match, se sont rebiffés. C’est, d’ailleurs, l’avis du seul buteur du match, Abdel Moemen Djabou, qui a précisé que «les propos mal venus de Jaïdi nous ont donné des ailes».En vérité, le fiasco de l’Espérance dans ce match retour des quarts de finale perdu avant-hier à Radès (0-1) après le fâcheux score de parité de l’aller (0-0) trouve son explication dans plusieurs causes qui se sont accumulées ces derniers temps. D’abord, il y a l’excès de confiance engendré par la piètre prestation de l’adversaire à Alger même. On a beau expliquer que les joueurs de l’Espérance n’étaient pas sous cette emprise, mais le fait est là. Sinon comment expliquer le réveil tardif de l’équipe de Bab Souika en deuxième mi-temps, alors que la pression néfaste allait crescendo jusqu’au coup de sifflet final de l’excellent arbitre marocain Redhouane Jied.Loin s’en faut! L’Espérance, qui vient de rater sa troisième Ligue des champions d’affilée après ses historiques succès de 2018 et 2019, n’a plus recouvré son mordant depuis.Il y a d’abord la cause principale de son errance qui est le départ et le non-remplacement de ses «énormes» attaquants-buteurs Youssef Blaïli, Anice Badri et Yassine Khénissi qui étaient les vrais artisans de ces deux derniers glorieux trophées.
Au cours des trois dernières saisons, un grand nombre d’attaquants ont débarqué au Parc B sans qu’aucun d’entre eux ne soit arrivé à faire oublier les trois grands noms cités.Il est vrai que l’Espérance arrive à dominer et à faire le jeu, comme ce fut le cas de la manière la plus convaincante face à Sétif (aller et retour) avec un taux de possession de la balle égal à 70%, mais pour parvenir à scorer, il fallait des avants beaucoup plus talentueux que ce qu’on a sous la main.
Arrêtons l’hémorragie !
Que d’argent a été dilapidé à la recherche de l’oiseau rare capable de faire l’affaire !
Rien à faire ! Des attaquants de second plan ont défilé pour rien. Ils ont fait perdre beaucoup de temps à l’équipe, tout en empêchant les enfants du club de clore et d’arracher une titularisation bien méritée. Ce qui nous conduit à parler, de nouveau, du problème de la formation des jeunes et de l’obligation de leur donner une vraie chance afin qu’ils fassent parler leur talent et s’aguerrir avec le temps. Quand on évoque ce genre de proposition, on nous oppose l’idée biscornue disant que les «grands clubs» ne peuvent pas attendre l’éclosion des jeunes auxquels on préfère des «tocards» engagés à coups de centaines de milliers, voire de millions de dinars. Il faut savoir ce qu’on veut en fin de compte !L’exemple parfait à cette formule qui mérite d’être méditée (au moins), c’est, justement, l’ESSétif qui vient de coiffer au poteau la grande Espérance sans joueurs africains ou autres.Du moins, aucune recrue étrangère n’a été alignée face à l’Espérance.
Alors qu’à l’Espérance, trois Algériens, un Libyen, un Marocain (blessé), deux Nigérians, deux Ivoiriens (etc.) ont été utilisés pour affronter l’équipe algérienne à l’aller et au retour. Pourquoi faire? Pour perdre tout simplement ! Tout ça pour ça? Les responsables de l’Espérance doivent reconsidérer leurs choix stratégiques et repenser toute leur politique.
Parmi les formules restructurantes à adopter sans tergiverser et qui ne sont pas anodines : quelques anciennes gloires connues pour leur talent et leur arsenal technique déroutant sont à engager absolument, aussi bien dans les catégories des jeunes qu’ au sein du staff technique seniors. On a vraiment marre de voir des joueurs se présenter seuls face aux gardiens, sans savoir quoi faire pour marquer des buts. Ou encore des joueurs qui tirent sans appliquer l’abécédaire de la fameuse technique de la position du corps…
Des détails diront certains, mais qui font la différence. Le but de Djabou en est la parfaite illustration.