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Un détenu a des droits

Editorial La Presse

A chaque fois qu’il y a des réformes dans le domaine de la justice, on crie sur tous les toits que l’indépendance de la magistrature est menacée. Or, chaque jour apporte son lot d’affaires qui pointe du doigt le mauvais fonctionnement de la justice dans notre pays. Le constat est indéniable et il faut que cela change. En effet, ce corps de métier ne peut pas rester un univers d’exception pour l’État de droit, alors que les multiples rapports nationaux ou internationaux n’ont eu de cesse de démontrer la persistance d’un système d’exclusion pour les droits de l’homme dans ce secteur.          

A titre d’exemple, l’incarcération de Mehdi Ben Gharbia, malgré l’expiration du délai de la détention préventive et sans qu’aucun jugement n’ait été prononcé à son encontre, est une violation de l’article 85 du Code de procédure pénale. Il a même été privé de voir son fils bien que la Tunisie ait renforcé le respect de la dignité des détenus en inscrivant dans la loi le principe de maintenir les liens familiaux pendant la détention. Comment un juge peut-il fouler aux pieds la loi même si la personne détenue est politiquement ou publiquement détestable ? Comment ose-t-on garder les gens derrière les barreaux alors que l’on sait pertinemment bien que l’état de nos prisons est honteux pour un Etat de droit.  En effet, la privation de liberté ne saurait être assimilée à un châtiment qui permet la violation d’un certain nombre de droits fondamentaux accordés aux détenus en matière de délais de détention, de visites familiales et de conditions d’incarcération. C’est que l’incapacité de la justice d’observer scrupuleusement les textes qui devraient guider son fonctionnement porte gravement atteinte à la confiance publique en la justice.

Car cela donne une nouvelle fois l’impression que la justice est bafouée et prouve qu’elle ne s’applique durement qu’aux faibles. Mais pour que notre pays retrouve le chemin d’une justice rénovée et digne, il n’y a pas de mal qu’à chaque fois qu’un dysfonctionnement est constaté de le dénoncer non pas pour stigmatiser l’institution judiciaire, mais pour qu’elle trouve en elle-même les moyens de le résoudre.

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Un commentaire

  1. Brahim

    26 avril 2022 à 20:01

    Que Dieu vous entende ! Bien qu’il ne soit pas parfait sur le plan rédactionnel, vous avez évoqué avec justesse le problème de la justice dans notre pays. Cela ne date pas d’hier. Des décennies durant, la justice n’a jamais été un pouvoir indépendant du pouvoir exécutif qui se trouve souvent le premier à enfreindre les lois. C’est désespérant d’autant que nous avons un éminent constitutionnaliste au sommet de l’État. Gardons l’espoir que les choses iront mieux sous peu. Personnellement, j’en doute. Hélas !

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