Quelles politiques adopter dans le secteur médiatique ? Comment réformer la profession et quel rôle doit jouer le journaliste? Au final, une série de recommandations seront annoncées.
Shireen Abu Akleh, correspondante d’Al-Jazeera, touchée, mercredi matin, par les balles de l’armée israélienne dans les territoires palestiniens occupés, fut une des martyrs du mot et de l’image tombés sur l’autel du métier. Et les victimes de la liberté de la presse et d’expression sont légion. Peu importe la forme de musellement et de répression, le journaliste, sous nos cieux, n’est plus en sécurité. Cette année, on a célébré le 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, dans la tourmente : 214 violations perpétrées contre des journalistes dont 123 commises par les institutions de l’Etat, forces de l’ordre en tête, recense le rapport du Snjt 2021-2022.
Dans la foulée, le Snjt a organisé, hier à Tunis, un séminaire commémoratif intitulé «Protéger la liberté d’expression et de la presse face aux dangers d’un retour en arrière». La manifestation s’est tenue en collaboration avec ses partenaires les plus engagés à défendre cette cause du métier droits et libertés. «Cette année est la plus violente, où on a enregistré énormément de cas d’agressions, de poursuites judiciaires, séquestration, détention, de nature à confisquer le droit d’accès à l’information…», dénonce le président du Snjt, Mohamed Yassine Jelassi. Soit, ajoute-t-il, un climat hostile à la liberté marqué par un discours si haineux et incitatif à la violence contre les journalistes. Dans le collimateur d’un pouvoir exécutif liberticide qui tente d’étouffer leur voix libre sur les faits et les vérités. Entre le devoir d’information si sacré et l’obligation d’un terrain professionnel assez miné, l’homme des médias ne sait plus à quel saint se vouer. Leur métier est en danger!
Ces lois à supprimer !
Par ailleurs, fustige-t-il, l’état d’exception qui dure depuis presque 10 mois est marqué par une détérioration flagrante de la liberté de presse et un retour des abus des libertés fondamentales, y compris la liberté d’expression. Et là, Jelassi a demandé à ce que des lois et décrets-lois soient révisés. «Les circulaires 19 et 20 relatives respectivement à l’accès à l’information et au droit de manifester devraient être supprimées. De même, la justice est appelée à ne recourir qu’aux décrets 115-116», réclame-t-il, espérant que cela pourrait ainsi rectifier le tir et améliorer, un tant soit peu, la situation. D’ailleurs, selon Samar Khamis, vice-représentante du bureau du Haut commissariat des droits de l’homme en Tunisie, ce constat de violences faites aux journalistes n’est pas propre à la Tunisie, c’est le pain quotidien de tous les journalistes dans le monde entier.
Ceci étant, une telle répression n’est que la répercussion des lois injustes et liberticides imposées aux professionnels du métier.
Hier a eu lieu la deuxième journée du séminaire, le débat s’est focalisé sur des thématiques liées à l’évolution de la profession : quelles politiques générales adopter dans le secteur médiatique ? Comment réformer la profession et quel rôle doit jouer le journaliste? Au final, une série de recommandations seront annoncées.