Comment préserver les écosystèmes du continent africain ? Qu’entend-on par restauration des écosystèmes ? Comment restaurer ceux qui sont dégradés ? Quelles sont les conséquences et le coût de leur dégradation? Tant de thématiques qui interrogent et présentent un état des lieux des écosystèmes africains.
Durant ces dernières années, l’Afrique a connu une perte de biodiversité dramatique. Selon les experts et les chiffres annoncés, le dérèglement du climat pourrait à lui seul provoquer d’ici 2100 la disparition de plus de 50 % de certaines espèces d’oiseaux et de mammifères et entraîner une baisse de 20 à 30 % de la vie végétale et animale qui se développe dans les lacs, sans oublier une perte importante d’espèces végétales. Face à ce constat alarmant, mener une action urgente en faveur de la biodiversité pour un développement durable est une urgence absolue car la terre est et restera un pilier essentiel et incontournable pour la vie humaine. C’est dans ce contexte que la conférence internationale sur la biodiversité, organisée du 8 au 10 juin à Tunis par l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), avec l’appui financier de l’Agence Française de Développement (AFD), a mobilisé l’attention de la communauté africaine et internationale sur ce sujet en envisageant comment faire des « écosystèmes, principal levier de développement pour le continent africain » le thème principal de cet événement qui se tient dans le cadre des célébrations des 30 ans de l’OSS, et de la décennie des Nations unies sur la restauration des écosystèmes.
Ce qui compte…
Nabil Ben Khatra, secrétaire exécutif de l’Observatoire du Sahara et du sahel, a indiqué que l’Afrique est le deuxième continent le plus grand du monde. Elle possède une part énorme de la ressource naturelle mondiale renouvelable et non renouvelable et compte cinq grands types d’écosystèmes, à savoir : les environnements côtiers, les déserts et les semi-déserts, les environnements montagneux, les prairies de savanes et les forêts. Mais ces écosystèmes se sont dégradés à cause des activités humaines mais aussi à cause de la pollution industrielle et autres activités minières ainsi que le phénomène climatique extrême (sécheresse, inondation…). C’est dans ce cadre que l’OSS organise cette conférence internationale pour rassembler tout le monde pour prévenir, stopper et inverser la dégradation des écosystèmes sur tout le continent.
« Cette conférence se propose comme un lieu de débat, d’échange et de consolidation des partenariats autour de questions en rapport avec la gestion, la protection, la préservation et la restauration des écosystèmes en Afrique. Et donc, cette focalisation sur des mesures concrètes qui impliquent tout le monde peut aider à créer une dynamique autour d’une vision optimiste pour l’avenir, car il est plus que jamais temps d’affronter le changement climatique qui menace d’ailleurs toute la planète, de soutenir les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire, de renouer nos liens avec le reste de la nature… Et puisque les questions environnementales et de gestion des ressources naturelles font partie de notre ADN, on cherche toujours à développer des outils d’aide à la décision, de mettre en place de systèmes de surveillance, d’améliorer les connaissances, de renforcer les capacités… Pour ce faire, on mobilise des moyens financiers importants — souvent sous forme de dons — pour appuyer les pays africains pour la mise en œuvre de leur stratégie d’adaptation et d’atténuation. Et donc, il faut s’unir tous ensemble pour ramener la nature pour un monde meilleur », a-t-il souligné.
Le bien-être de 3,2 milliards de personnes affecté
En effet, le besoin de restauration des écosystèmes est clairement indiqué dans plusieurs études internationales. Selon le rapport du Pnue et du FAO, le service d’écosystème ou les avantages que les gens tirent des écosystèmes perdus chaque année en raison de la dégradation de l’environnement, représentent plus de 10 % de la production économique mondiale, et cette dégradation affecte le bien-être de 3,2 milliards de personnes, ce qui représente plus de 40 % de la population mondiale. Mais malgré des avertissements répétés, le monde n’est toujours pas sur la bonne voie et, dans de nombreux endroits, le taux de dégradation de l’environnement augmente.
Dans ce même cadre, M. Ben Khatra a indiqué qu’il n’est pas inutile de rappeler que le continent africain est doté d’une grande et énorme richesse naturelle pour l’écosystème, avec notamment une biodiversité remarquable. Mais certains de ces écosystèmes ont vu leur superficie se réduire considérablement et même une partie de ces écosystèmes est dans un état catastrophique aujourd’hui suite à la dégradation des forêts, à cause notamment des besoins en énergie des habitants, à la surpêche, qui menace de nombreuses espèces… A cela, on ajoute que l’exploitation des ressources ne se fait pas toujours de façon durable. Et donc, cette question de la gouvernance et de la gestion est capitale en Afrique. C’est pour ce faire que l’OSS initie et facilite les partenariats autour des défis communs liés à la gestion partagée des ressources en eau, à la mise en œuvre des accords internationaux sur la désertification, la biodiversité, le changement climatique en Afrique…, le tout dans un objectif d’appuyer et d’aider les pays africains dans la gestion durable de leurs ressources naturelles dans un contexte de changement climatique particulièrement défavorable, et ce, afin de travailler avec les pays pour parvenir à une meilleure conservation et une gestion plus durable de la biodiversité. L’enjeu est notamment d’aider les pays africains à faire fructifier leur biodiversité pour générer des revenus qui permettront à la fois de financer le coût de la gestion de ces ressources et d’améliorer leur économie. Certes, la bataille sera de longue haleine et nécessite une grande détermination et un long souffle, mais il ne faut jamais baisser les bras, car on peut encore sauver les écosystèmes africains.
Notons, qu’à cette occasion, le livre documentaire produit par l’OSS sur « Les écosystèmes africains entre dégradation et restauration » est lancé et une exposition artistique « L’Observatoire du Sahara et du Sahel, 30 ans au service des écosystèmes en Afrique » est inaugurée.