En cinq jours, on peut dire que le comportement du public tunisien dans les stades a pris un tournant très grave : on passe des émeutes et des incidents dans les gradins et hors des stades (le fameux bras de fer avec les forces de l’ordre) à l’invasion ‘‘tolérée’’ sur le terrain pour orner une chorégraphie et, bien sûr, pour intimider l’adversaire.
Cela est visible à l’œil nu et sur les images TV : des supporters présents autour du terrain en grand nombre sous les regards passifs des forces de l’ordre, des fumigènes et des pétards à vue d’œil et on en est arrivé à la tentative d’agression des joueurs. Et, pour ne pas oublier, ces messages haineux et exécrables dans les banderoles lors du derby de l’aller puis du retour et un triste spectacle malheureusement salué par des médias affamés d’audimat et le nombre de vues sur les réseaux sociaux. Est-ce cela le spectacle et les stades chauds et passionnés?
On en doute. Cela tourne à la violence organisée et à la délinquance tolérée et encouragée par les clubs sur fond d’incapacité (ou de complicité dans certains cas) sécuritaire. Va-t-on attendre que des personnes périssent pour les beaux yeux de la «dakhla» ou pour gagner un match ou un titre?
Ce qu’on a vu au derby EST-CA et au classico ESS-EST dépasse toute logique et tout bon sens. C’est un cap de plus dans la grille de la violence. On passe de la violence verbale au jet de fumigènes (il est clair qu’on les fait entrer facilement) à la violence physique, à l’envahissement facile du terrain. Une question aux forces de l’ordre : comment justifier la présence de supporters excités à quelques mètres des joueurs? Qui leur a permis de descendre sur le terrain ? Quand on se rappelle ce qui s’est passé en finale de la Coupe de handball, on ne peut qu’être angoissé. Le pire est à craindre lors de la prochaine saison : le public va maintenant réclamer de descendre sur le terrain pour n’importe quelle raison, et avec cette haine qui se propage entre les supporters des clubs sur les réseaux sociaux et entre les dirigeants, on s’attend au pire.
Les stades sont maintenant incontrôlables. Une faille sécuritaire induscutable est constatée, cela saute aux yeux et vu que la FTF réagit tardivement et n’est pas du tout équitable, on entre dans cette dangereuse et menaçante spirale. On ne peut plus rester les bras croisés face à ce qui s’est passé, surtout si l’on ne veut pas réinstaurer le huis clos.