Face à des crises financières sans précédent, bon nombre de clubs n’arrivent pas à trouver les candidats prêts à assumer.
Juillet est le mois d’ouverture de la saison. C’est le mois-clé pour assurer le bon départ, mettre les meilleurs ingrédients de la réussite pour élaborer les grandes lignes du projet sportif et mettre sinon le «paquet», du moins un budget à la hauteur des objectifs. Un très gros chantier qui a besoin d’hommes capables de prendre le taureau par les cornes, d’investir et de s’investir à fond dans une tâche des plus délicates. Ce qui est loin d’être assuré pour une grande majorité de clubs qui sont encore à la recherche de ces profils d’hommes capables de mener une mission devenue impossible. Il y a quelques années, présider un club était plus qu’une faveur, un honneur. On se bousculait au portillon afin d’être désignés ou choisis pour prendre les rênes du pouvoir au sein des grandes équipes. Aujourd’hui, c’est plutôt le sauve-qui-peut tellement ce poste de première responsabilité ne séduit plus, ne suscite plus d’engouement et ne fait plus couler la salive. Pour s’en rendre compte, il suffit de regarder du côté de l’Étoile avec Maher Karoui, obligé de jeter l’éponge après une saison achevée sur les « rotules». Dans le camp étoilé, on peine encore, dans une véritable course contre la montre, pour lui trouver un successeur. Le constat n’est pas moins triste dans le camp du CSS avec un Moncef Sellami, venu pour un intérim de quelques semaines, qui cherche désespérément et vainement à se débarrasser du lourd fardeau qui lui « brûle les mains». On peut également évoquer le cas du président du ST, Noureddine Ben Brik, venu avec tambour et trompette pour installer un projet de plusieurs années, et qui a rendu le tablier après seulement quelques mois et a passé le relais à Mohamed Mahjoub, bien qu’il soit parvenu a assurer le retour des Stadistes en Ligue 1. On peut parler aussi de Walid Jalled qui vient de quitter l’Avenir Sportif de Soliman, de l’USBG qui change de président tous les 6 mois et même de Youssef El Almi qui n’est pas très chaud pour continuer à être l’homme de premier plan et du devant de la scène du Club Africain. C’est dire combien la gestion administrative et financière de nos clubs professionnels est devenue un vrai casse-tête pour ne pas dire un guêpier qui fait peur. Le nombre de présidents passés à la trappe est, en effet, effrayant. Le dernier exemple est celui d’Abdesslem Younsi qui est en train de subir, dans l’indifférence, le triste sort et le destin qu’il a choisis lui même de prendre les destinées d’un CA endetté jusqu’au cou et en proie à un tas de litiges qui n’étaient pas faciles à résoudre. Le phénomène, prenant l’effet boule de neige, ne cesse de s’amplifier. Nos clubs en difficulté poussent aujourd’hui plus qu’un cri d’alarme mais un vrai appel de détresse car ils sont plus que jamais au bord du gouffre et devant l’horreur du vide.
Le devoir de tous
Sortir de l’impasse, trouver une issue de secours incombe, certes, à ces clubs mais pas à eux seuls. Ça doit être une affaire de tous, un projet de sauvetage national de notre sport roi. Le ministère et la fédération ne doivent pas se contenter de jouer les sauveurs de circonstance, les sauveurs par intermittence. Il faut conjuguer les efforts pour une sortie de crise bien élaborée, bien étudiée, bien ficelée et bien appliquée. Une feuille de route dans la durée pour le moyen et le long termes, tout en trouvant des solutions urgentes pour le court termes. Le tout passe par trouver cet équilibre entre recettes et dépenses. Une bonne gouvernance avec plus de sources de financement diversifiées et moins de folie dans la gestion pour éponger les déficits et assainir les situations précaires. Transformer les clubs en sociétés n’est plus valable aujourd’hui et ne doit pas être mis à l’ordre du jour comme solution miraculeuse. C’est de l’utopie. Les associations garderont pour longtemps leur statut d’associations à but non lucratif car elles ne peuvent pas se défaire pour l’instant de la tutelle de l’Etat, des subventions du ministère et des collectivités locales et de l’aide de la FTF qui leur assurent les revenus minimums de survie qui leur évitent le naufrage et la mise des clés sous la porte. Le plus à ajouter c’est de penser à mieux vendre ce produit qu’est notre football sur le marché en cherchant les meilleures offres d’achat de retransmission télévisée de notre championnat. Sans état d’âme pour l’audiovisuel public qui ne peut plus rivaliser avec les chaînes privées. C’est triste de voir un club prestigieux comme le CSS incapable de retenir des joueurs comme Mohamed Ben Ali, Houcem Dagdoug et Aymen Harzi et bientôt Firas Chaouat et Aymen Dahmen et de ne pouvoir que constater, impuissant, les dégâts causés par les départs en cascade de joueurs piliers, faute de moyens financiers. C’est le cas de l’ESS, du CA et bientôt d’autres clubs comme l’USM qui peuvent rentrer aussi dans les rangs. Dans un championnat où la concurrence n’est plus de mise et ne joue plus à fond, on ne peut que s’attendre au pire : le désintéressement et l’enlisement dans la crise. Pas d’enjeu dès la première moitié du parcours, moins de suspense qui fait venir le grand public dans les stades , moins de recettes, moins de sponsors et un championnat qui régresse et un produit de mauvaise qualité qui ne se vendra plus. Voilà ce qui nous attend en cas d’absence d’une prise de conscience collective du danger qui nous guette.