A quelques semaines de la reprise, on ne connaît toujours pas la nature et la formule du championnat.
C’est plus une réelle inquiétude que de la stupéfaction devant ce triste constat. Celui de ne pas avoir encore la moindre petite idée et d’être toujours dans le flou concernant une compétition qui démarrera dans 5 semaines. C’est aussi insensé qu’inédit. Jamais un Bureau fédéral n’a eu, à ce point, pour fixer les règles et le calendrier d’un championnat, les mains autant liées. Il doit attendre le 8 août, peut-être un peu plus, pour voir comment la Commission nationale d’appel va lui déblayer le terrain pour prendre la décision que tout le monde attend sur des charbons ardents. La saison 2021/2022 a été assez agitée et s’est très mal achevée pour la phase du play-out et on ne connaît toujours pas les équipes qui vont être obligées de plier bagages de la Ligue 1 et de descendre en Ligue 2. L’OB, l’ESHS, l’ESM et l’ESZ attendent le verdict de la Commission des «sages» pour se fixer sur leur sort. Le CS Chebba ne perd pas lui aussi espoir de profiter de cette fin assez tumultueuse de la saison passée pour être un élément-clé et déterminant d’une sortie de crise bien cousue qui englobe toutes les équipes concernées par une relégation qui n’a pas été exemplaire en matière de fair-play et de respect de l’éthique sportive. Le match barrage entre l’ESHS et l’ESM, décidé curieusement par la Commission de discipline et de fair-play, n’a pas eu lieu et n’aura pas lieu tellement tout le monde est convaincu de l’absurdité d’une telle décision. Faire rejouer toute la phase du Play-Out contestée avant de démarrer la saison actuelle n’est pas aussi de mise et n’est plus d’actualité. Il va falloir trouver, inventer autre chose pour envisager une saison plus calme et mieux maîtrisée et faire revenir la sérénité dans un paysage embrasé.
Entre le marteau et l’enclume
Wadie Jary, le président d’un Bureau fédéral en ébullition, n’est pas le genre d’homme qui accepte de se faire tirer par les cheveux, encore moins de se faire tordre le cou pour être amené et forcé à prendre les décisions qui lui déplaisent. Mais cette fois, il est obligé d’écouter, de discuter, d’être l’homme du compromis. Car aussi bien la FTF que la Ligue nationale de football professionnel sont compromises dans cet imbroglio et ne peuvent pas se dégager de toute responsabilité d’une fin de saison en queue de poisson et des suites qu’elle a engendrées . À force d’avoir voulu bâcler la phase du play-out sans prendre les gages de sécurité indispensables (terrains neutres, huis clos et présence de la VAR) comme elles l’ont fait pour la phase du Play-Off, la FTF et la Lnfp doivent assumer la grosse part de l’échec dans l’organisation de ces matches couperets de survie en Ligue 1 . Sans oublier leurs déboires et leur manque d’anticipation et de perspicacité qui ont donné une perche inespérée au CS Chebba pour déclencher une nouvelle affaire sulfureuse et entreprendre un autre bras de fer sans merci devant le TAS. Face à ces erreurs accumulées, le Bureau fédéral, qui a retiré l’affaire des mains d’un Bureau de la Ligue faible et divisé, est devant l’obligation de naviguer seul, de trouver la bonne équation de sortie digne de crise plutôt que de charger la fuite en avant et l’application coûte que coûte des règlements. Beaucoup de solutions ? Certainement pas. Il y a une seule issue de secours pour échapper aux flammes et éteindre tout le feu de l’incendie : l’annulation pure et simple de la relégation et une année de grâce pour faire oublier tout ce gâchis. Une nouvelle saison charnière exceptionnelle et un championnat avec deux poules de 9 clubs, le maintien de la phase du play-off avec 6 clubs et la rétrogradation directe, sans matches barrages, des deux derniers de chaque poule pour passer la saison d’après à un championnat normal avec 16 clubs (ou des trois derniers de chaque poule si on veut se limiter à une Ligue 1 composée de 14 clubs). Ce n’est pas la première fois qu’un Bureau fédéral a été obligé de payer les frais de sa part de responsabilité dans les dégâts causés, d’adopter un profil bas et de faire machine arrière pour faire table rase d’une saison à oublier . Car comme on dit, seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. D’autant plus que le temps presse, que la grogne ne cesse de monter au sein des clubs pros et amateurs ravagés par des crises financières sans précédent, et qui sont sur le point de jeter l’éponge à l’attente d’une large bouffée d’oxygène et d’espoir pour reprendre leur souffle. Quand on est entre le marteau et l’enclume, on n’a pas intérêt à continuer à tergiverser et à tenter de gagner désespérément du temps. Les grandes décisions sont celles qui sont prises avec sagesse même sur le fil.