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Start-up : Un écosystème dynamique, mais… !

Les start-up tunisiennes peinent à passer au stade «scale up». L’écosystème est, certes, dynamique, en effervescence et apte à croître davantage, mais il est clair que le financement de la croissance des start-up s’érige en barrière contre sa véritable éclosion.

Impressionnés par les «success stories» des start-up étrangères et par  l’émergence de nouvelles licornes à travers les quatre coins du monde, les jeunes Tunisiens sont de plus en plus nombreux à être attirés par l’entrepreneuriat technologique.  Un constat qui se confirme chaque jour à travers le nombre croissant des start-up labellisées, les levées de fonds réussies, la percée des jeunes pousses sur le marché national ou international. Ces faits confirment cet engouement pour le monde des start-up. «L’écosystème tunisien des start-up est le plus dynamique de la région du Maghreb. […] Sur la période 2016-2020, je peux vous assurer que l’écosystème tunisien était plus dynamique que celui du Maroc. Et depuis mon arrivée ici, en tant que directeur à l’été 2020, j’ai vu que cette dynamique s’est même accentuée et accélérée», a affirmé, à cet égard, Yazid Safir, directeur de l’Agence française de développement en Tunisie (Afd), dans une interview accordée, le 27 juin dernier, au journal La Presse. C’est dire que l’écosystème de start-up en Tunisie est en pleine effervescence.

Environnement favorable

Cette évolution spectaculaire n’est pas, en effet, fortuite. C’est, en quelque sorte le fruit du programme «Startup Tunisia» qui a été lancé dans le cadre du plan national stratégique «Tunisie Digitale 2016-2021» et dont l’objectif est principalement de créer  des emplois de haute valeur ajoutée pour les jeunes diplômés et d’agrandir la part de l’innovation technologique dans la croissance économique. Le programme a été reconduit dans le cadre de la Stratégie nationale de la transformation numérique 2021-2025 avec en point de mire, la  création de 200 start-up par an et 10.000 emplois sur les cinq prochaines années. Son premier pilier, le cadre réglementaire «Startup Act», qui a été promulgué en 2018, était la rampe de lancement qui a donné un élan à l’écosystème et y a favorisé une dynamique appréciée. Avec les divers avantages et incitations offerts par Start Up Act (les subventions, le compte en devises, la carte technologique, l’exonération d’impôt…), les jeunes compétences n’hésitent plus à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale et monter leurs propres start-up. Le dernier rapport de la Cnuced sur le commerce électronique en Tunisie évoque, dans ce même contexte, «un environnement plutôt favorable au  développement des start-up technologiques, surtout depuis l’instauration du nouveau cadre incitatif Startup Act et la multiplication des  offres en matière de renforcement des capacités dans les TIC par les incubateurs des start-up». Outre les jeunes compétences et les talents dont regorge le pays, la Tunisie dispose de plusieurs avantages comparatifs, notamment  dans  le domaine du numérique, lui permettant d’être une destination pour les start-up dans la région. D’ailleurs, la «deeptech» et les sciences de la vie sont  identifiées comme des sous-secteurs porteurs sur lesquels la Tunisie peut bien se positionner à l’échelle régionale, à condition de déployer davantage de mécanismes d’encouragement.

Des financements «early stage» en évolution

Cependant,  le financement, bête noire des entrepreneurs,  demeure la pierre d’achoppement à laquelle se heurtent les jeunes pousses, même si les financements en «early stage» ont connu une forte évolution au cours des  dernières années. Le rapport «The Global Startup Ecosystem Report 2022», de la startup «Genome», a attribué une note 10 sur 10 pour évaluer la croissance des financements en «early stage» sur la période 2018-2021. Mais, malgré cette évolution rapide et importante, les financements en «early stage» entre 2019 et 2021 n’ont atteint que 5,5 millions de dollars, un montant assez faible en comparaison avec la moyenne mondiale qui est de 687 millions de dollars durant cette même période. Les levées de fonds en «Seed» et en «Série» se sont établies respectivement à 71.000 et à 50.000 dollars sur la période 2019-2021, présentant ainsi des montants faibles par rapport aux moyennes mondiales (respectivement 671.000 et 4,7 millions de dollars). Quant aux financements en capital risque, ils n’ont pas dépassé les 21 millions de dollars, alors qu’à l’échelle mondiale, on  parle de 4,5 milliards de dollars comme moyenne sur la même période. Selon le même rapport, les start-up tunisiennes prennent 15 ans pour effectuer un exit (la moyenne mondiale est de 9,4).

Seules trois start-up  ont  réalisé une opération d’exit au cours de la période entre 2017 et 2021 (la moyenne mondiale est de 101) pour un montant de 29 millions de dollars. Ces chiffres montrent bien que les start-up tunisiennes peinent à passer au stade «scale up». L’écosystème est, certes, dynamique, en effervescence et apte à croître davantage, mais il est clair que le financement de la croissance des start-up s’érige en barrière contre sa véritable éclosion. Le fonds des fonds «Anava», lancé en 2021, qui vise à créer des fonds sous-jacents dédiés au financement de chaque phase de développement des start-up devra apporter, dans la période à venir,  les solutions adéquates aux problèmes de financement.

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