• Le déficit de la balance commerciale s’est aggravé de 61,25% durant les huit premiers mois de 2022
• «Il est temps de restreindre les importations des produits de luxe pour limiter le déséquilibre de la balance commerciale avec un certain nombre de pays», souligne le Chef de l’Etat
• Au moment où les citoyens souffrent de l’indisponibilité des produits de première nécessité, la Tunisie dépense 50 millions de dinars de devises en parfums
• «Les stocks de sucre devraient couvrir deux mois de consommation», assure le directeur central de l’Office du commerce
Comment réagir face à la hausse vertigineuse des prix, conjuguée à la pénurie des produits alimentaires de base et comment se comporter ou saisir les déclarations fracassantes qui bombardent quotidiennement les Tunisiens et les Tunisiennes de chiffres ahurissants, comme par exemple la nécessité pour une famille de quatre membres d’avoir un revenu mensuel de l’ordre de 3.500 dinars afin d’accéder à un niveau de vie décent ?
Ce sont-là les deux interrogations les plus importantes qui taraudent ces dernières semaines les esprits des Tunisiens qui voient leur pouvoir d’achat s’éroder, de jour en jour, et n’arrivent plus à joindre les deux bouts pour accéder à un niveau acceptable, dans une situation économique et sociale qui va en s’aggravant au vu de ces prix qui n’arrêtent plus de grimper et un gouvernement qui multiplie les promesses de mettre un terme définitif aux pratiques des spéculateurs «qui cherchent à affamer le peuple tunisien à des fins politiques».
Le Président de la République, Kaïs Saïed, est profondément conscient de la gravité de cette situation inédite et il ne cesse d’inciter le gouvernement à lutter, avec efficacité et efficience, contre «les spéculateurs et les dépassements qu’ils commettent, au vu et au su de tout le monde, dans l’impunité totale».
Et pas plus tard que lundi dernier, le Chef de l’Etat est revenu, lors de son entretien avec la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden, sur la nécessité absolue d’assurer un approvisionnement régulier du marché pour ce qui est des produits alimentaires de base.
Il a aussi examiné les moyens de réduire «le déséquilibre de la balance commerciale avec un certain nombre de pays, ce qui est de nature à nuire aux finances publiques et ne profite qu’aux pays exportateurs».
Autrement dit et en plus clair, l’heure a sonné pour arrêter les importations de luxe et superflues qui causent une véritable hémorragie aux réserves nationales en devises à un moment où les caisses de l’Etat souffrent de l’absence de liquidités, lesquelles liquidités très réduites devraient servir à l’importation des produits de consommation de base, comme le sucre et le blé et non pour financer l’achat de certains produits — comme le souligne le Chef de l’Etat — destinés à la nourriture des animaux domestiques ou à acquérir des produits de beauté auprès des plus grandes maisons cosmétiques.
Et au moment où les devises se font rares et que les citoyens souffrent de l’indisponibilité des produits de première nécessité, on assiste à l’hémorragie de cinquante millions de dinars que l’Etat dépense pour l’importation des parfums.
Hatem Yahyaoui, membre du comité directeur du parti Harak du 25 juillet, est convaincu «que face à l’inconscience généralisée, l’Etat doit prendre les choses en main».
Les propos de Hatem Yahyaoui sont clairs et précis. Il appelle à la mise au point de restrictions sur «certains produits non nécessaires».
Une prise de conscience générale est plus que jamais urgente auprès des «citoyens qui devraient faire preuve de sagesse, être conscients de la situation des finances publiques et contribuer à la mobilisation des ressources nécessaires pour clôturer le budget de l’Etat».
L’analyse du membre du comité directeur du Harak du 25 Juillet est d’autant plus pertinente que les chiffres dévoilés par l’Institut national de la statistique (INS) sur le déficit de la balance commerciale montrent qu’il s’est aggravé de 61,25% pour les huit premiers mois de 2022 pour atteindre, fin août de l’année en cours, la somme 16,8MD contre 10,480 MD une année auparavant.
Quant aux importations, elles ont enregistré une augmentation de 34%.
Il reste à savoir quand les choses reprendront leur cours normal et quand ces scènes où des Tunisiens se bousculent pour des miettes de sucre relèveront d’un passé qu’on n’aimerait plus vivre.
Hier, mercredi 28 septembre, Sami Bouaziz, directeur central de l’Office national du commerce (ONC), a répondu à cette question sur les ondes de Mosaïque FM en soulignant : «La pénurie est passée et le marché est fourni en sucre».
Il ajoute : «Les quantités importées de sucre devraient couvrir deux mois de consommation».