Derrière la seule porte jaune de Sidi Bou Saïd, dans le calme de cette rue qui s’écarte des flux de visiteurs, un artiste travaille dans la concentration et la discrétion.
Hamda Dniden est fils du village, il y a toujours vécu et travaillé. Il s’en est approprié l’esprit, l’atmosphère, les couleurs et l’air du temps. Dans son petit atelier où ses œuvres trouvent miraculeusement place, il raconte le village sacré.
Dans cette exposition, on retrouve en trame les codes fondateurs du travail de l’artiste : les architectures en hauteur, qui, consciemment ou pas, restituent l’ascèse de la colline.
Les superpositions de plans et de scènes, technique quasiment cinématographique de storyboard qui met en scène plusieurs histoires simultanées ou successives. Les accumulations de personnages, d’animaux ou d’objets, offrant au regard un foisonnement complexe et structuré. Et puis, toujours et encore, la présence de la femme, colorée, sensuelle, génie des lieux dont la présence rassure.
Mais il est un constat évident : dans cette exposition, Hamda Dniden, dont on connaissait jusque-là l’ancrage dans un réalisme, personnel certes, mais figuratif tout de même, tend peu à peu vers une abstraction progressive. Les contours s’effacent, les formes se fluidifient, les traits sont oblitérés, les lignes ondulent. Les architectures décollent, les structures sont déstructurées, et les couleurs perdent leurs contrastes.
C’est un nouveau Hamda Dniden qui nous est présenté là, un artiste qui a su se renouveler tout en restant fidèle à ses valeurs fondamentales, et que l’on aura plaisir à redécouvrir.