Accueil A la une Les médias publics en colère : Touche pas à mon gagne-pain !

Les médias publics en colère : Touche pas à mon gagne-pain !

Face au flou persistant, aucun des médias ne doit rester les bras croisés. C’est que ce premier pas de protestation commence à prendre de l’élan.

«Non à la sujétion et à toute tentative d’assainissement ou redressement judiciaire», «on ne renonce jamais à nos droits», «touche pas à mon gagne-pain», «sauver Snipe La Presse-Essahafa, un devoir national», «restructuration des médias publics, une nécessité», «pas de solutions sans dialogue», sont les différents slogans scandés, hier matin, à La Kasbah, par les sinistrés du métier et leurs structures professionnelles et syndicales, en signe de protestation contre la nonchalance du gouvernement Bouden et sa réaction passive à l’égard de la crise étouffante dans laquelle se débattent certains médias publics et confisqués, à savoir Snipe La Presse- Essahafa, Shems FM, Dar Assabah et Cactus Prod, quatre grandes entreprises médiatiques qui se voient plongées dans l’inconnu.

Un projet d’assainissement désavoué

Hier à 11h, journalistes, techniciens et hommes des médias se sont donné rendez-vous à l’emblématique Place du Gouvernement, à La Kasbah, où Mme Bouden est confinée dans son quartier général. Depuis sa prise de fonction, quelques semaines après le 25 juillet 2021, elle n’a même pas communiqué sur les difficultés des médias, et encore moins engagé un débat sur leur avenir incertain. Entre-temps, la crise s’éternise, alors que le secteur, lui-même, n’a pas manqué de proposer des solutions. Mais, le gouvernement ne l’entend pas de cette oreille. Le sit-in d’hier observé par les journalistes dans ces quatre médias précités a eu lieu sur fond de colère et mécontentement, suite au mutisme du gouvernement et son projet désavoué de redressement judiciaire visant particulièrement Shems FM et Dar Assabah. Pour Cactus Prod, en stand-by depuis une année, on ne sait, jusqu’ici, rien de son sort. L’Etat étant souvent aux abonnés absents. Quant à Snipe La Presse-Assahafa, les choses ne sont pas encore claires. Rien n’est décidé en sa faveur.

Pour un dialogue sérieux et fructueux

Face à ce flou persistant, aucun de ces médias ne doit rester les bras croisés. C’est que ce premier pas de protestation commence à prendre de l’élan. L’ambiance était telle que les voix des insoumis se sont élevées dans l’enceinte du gouvernement contre ce qu’ils considèrent comme une fuite en avant. « Encore une fois, on s’est retrouvé dans l’obligation de militer pour faire front contre toute tentative d’assainissement à dessein malveillant, visant, à vrai dire, le licenciement de nos collègues. Mais, un projet qui menace aussi la pluralité et la diversité du paysage médiatique, et puis la confiscation de la liberté d’expression», déclare, d’emblée, Mohamed Yassine Jelassi, président du Snjt. Non à la sujétion, on ne renonce jamais à nos droits, ainsi hausse-t-il le ton. D’ailleurs, tous sont catégoriques, refusant que ces médias soient mis à genoux et voués à l’abandon. Et M. Jelassi de faire valoir le retour au dialogue profession- gouvernement, comme un choix judicieux et mutuellement bénéfique pour les deux parties. «L’objectif de nos mouvements d’aujourd’hui  est de défendre l’intérêt du secteur et renouer avec un dialogue sérieux et fructueux», souligne-t-il.

En fait, l’assainissement des médias publics n’est guère une solution. « Surtout qu’une telle décision est jugée un acte juridiquement infondé», précise, en se référant aux avis des avocats, le secrétaire général de la Fédération générale de l’information relevant de l’Ugtt. Alors que le gouvernement n’en fait qu’à sa tête. Lui aussi a haussé le ton, disant que le combat des médias continue sans relâche. «Nous allons, le cas échéant, boycotter la couverture des prochaines élections », menace-t-il, en guise d’escalade prévue. «Nous ne lâchons jamais prise», renchérit, en ces termes, Amira Mohamed, vice-présidente du Snjt. Dans leurs mots successifs, les représentants des syndicats de base au sein de leurs médias respectifs ont tenu de ne pas faire marche arrière. Ils vont défendre jusqu’au bout pour obtenir gain de cause.

crédit photo : © Koutheir KHANCHOUCH
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