En Tunisie, la filière dattes est l’un des piliers du secteur agricole. Toutefois, la production de dattes pour cette saison est de 56,5 mille t, dont 41 mille t de «Deglet Nour» contre 65 mille t la saison précédente, soit une baisse de 15%. D’après les agriculteurs, la sécheresse et les faibles précipitations ont diminué la qualité des dattes.
Rjim Maatoug, Tozeur, Kébili… sont aujourd’hui des oasis luxuriantes et peuplées parmi les dunes du désert. En près de 30 ans, ce dessert est devenu le gagne-pain pour des milliers de familles qui vivent de la culture et de la commercialisation des dattes. Un fruit très prisé par de nombreux pays européens.
Tous ceux qui vivent de ces cultures ont un seul but, «trouver des solutions aux problèmes qui menacent la qualité et la quantité de la production de dattes. Il y a de nombreux problèmes environnementaux auxquels nous devons faire face, les conditions climatiques sont hostiles et les ressources se font de plus en plus rares et difficiles à exploiter. La sécheresse, la chaleur et les vents de sable augmentent l’apparition de maladies, de plus en plus fréquentes et nuisibles. Si la production est menacée une année, l’agriculteur a du mal à faire face à celle suivante», affirme Mohamed, agriculteur de la région.
Le prix de la moustiquaire
Chaque année, il doit faire face, comme tous les agriculteurs du Sud, à de multiples difficultés, «le sable avance de manière presque imperceptible aux yeux des gens ordinaires. La chaleur et la sécheresse laissent les acariens proliférer et endommager l’élément vital des plantes. L’aridité colore en blanc le sol salin. Les palmiers ont de plus en plus la tête dans le feu et de moins en moins les pieds dans l’eau », assure Mohamed.
Il évoque d’autres problèmes rencontrés par les dattiers, entre autres l’augmentation du coût de protection des régimes de dattes contre les aléas naturels (pluie…) et aussi le prix de la moustiquaire.Autres problèmes soulevés : la suspension du paiement par facilités des moustiquaires, le coût élevé de désinsectisation des palmiers, l’aggravation des dettes des producteurs de dattes et de quelque 84 groupements hydrauliques.
Une qualité meilleure
La production des dattes pour cette saison est de 56,5 mille t, dont 41.000 t de «Deglet Nour» contre 65 mille t la saison précédente, soit une baisse de 15%, selon les estimations du commissariat régional au développement agricole (Crda) à Tozeur. Malgré cette baisse, la qualité du produit a enregistré une amélioration par rapport aux saisons précédentes, assure Mohamed Salah Belhaj, président de l’Union locale des agriculteurs à Nefta. «La promotion de la datte se fait d’une manière individuelle, par les agriculteurs eux-mêmes. D’après Belhadj, ce recours aux actions personnelles vient comme réponse à la non-progression de la vente des dattes sur pieds». La moyenne des prix est estimée à 1.800 millimes le kilo. Toujours selon la même source, le secteur des dattes souffre de plusieurs problèmes à l’exemple de la dette des 78 groupements de développement agricole de la région, estimée à 20 millions de dinars auprès de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz.En Tunisie, la filière dattes est l’un des piliers du secteur agricole. Si sa contribution est un peu éclipsée par la domination de l’huile d’olive, la filière est toutefois l’une des plus dynamiques du pays. Néanmoins, la bataille des prix entre les concurrents locaux et internationaux fragilise les opportunités commerciales ainsi que les possibilités de nouer des partenariats durables avec les clients internationaux.
Les pistes possibles
Aussi, en 2022, la Tunisie a perdu sa place de leader au niveau des exportations en valeurs au profit de l’Arabie Saoudite. La croissance et le succès de certaines variétés de dattes menacent également la datte «Deglet Nour». Trois points semblent être essentiels pour organiser durablement la filière. D’abord, l’exigence de la qualité totale demeure un axe majeur pour le maintien stratégique de la filière dattes en Tunisie. Il est essentiel d’activer les certifications et les labels afin de rassurer les consommateurs de plus en plus exigeants, mais également de donner une légitimité aux entreprises tunisiennes souhaitant être plus compétitives sur le marché international.
Ainsi, les organisations de la filière dattes doivent s’adapter à la cinquième transition alimentaire marquée par une demande sophistiquée en matière de qualités nutritionnelles, environnementales et sociales. Second point important, l’innovation des produits et des «process» semblent s’imposer à tous les intervenants du secteur. Les menaces environnementales, notamment le stress hydrique, poussent les acteurs de la filière à collaborer en développant des relations inter-organisationnelles pour mettre en commun les ressources et les compétences. Enfin, le développement de la filière passe également par un ancrage territorial fort en soutenant les initiatives locales et en veillant à l’équilibre des richesses, condition devenue essentielle, notamment par les clients européens du marché bio labellisé. L’innovation technologique et l’innovation sociale doivent être au cœur des stratégies organisationnelles. Elles permettront de moderniser la filière, de développer des engagements durables et de répondre aux exigences du marché mondial.
Cela suppose d’étroites collaborations et des alliances entre les organisations au niveau de la Tunisie, du Maghreb et des pays méditerranéens. La certification pour les organisations productrices de la datte en Tunisie ainsi que la mise en place d’un label commerce équitable à une échelle plus globale sont une voie non négligeable pour la pérennité et la viabilité du secteur.