Accueil A la une Enseignement — Contrats de recrutement falsifiés: La corruption à son plus haut niveau

Enseignement — Contrats de recrutement falsifiés: La corruption à son plus haut niveau

Au point où on en est, il ne faut plus s’étonner de rien. A chaque jour son lot de révélations et de découvertes les unes plus choquantes que les autres.

Les affirmations du ministre de l’Education à propos des affaires de faux diplômes ou dossiers ne sont pas une surprise. Selon la Fédération générale de l’enseignement secondaire, ces pratiques se sont aggravées depuis 2013 et le ministère avait été averti à plusieurs reprises sur le sujet.

En annonçant ce 31 octobre 2022 à une chaîne TV privée que son département avait découvert des opérations de falsifications de contrats de dossiers d’enseignants suppléants dans de nombreux commissariats régionaux de l’éducation, le ministre ne fait  que reconnaître la gravité du problème. 

Toutefois, le choix du moment ne manque pas de susciter l’étonnement. De plus, comme ce phénomène existe depuis de longues années, pourquoi n’a-t-on pas pris les mesures adéquates pour l’endiguer ? Beaucoup de zones d’ombre restent à éclaircir pour l’opinion publique. Il ne suffit pas de dénoncer des délits et de créer un climat de suspicion. Encore faut-il agir et passer à l’acte en collaboration stricte avec la partie syndicale pour mettre fin à ce flou.

Le commissariat régional de l’éducation de Sidi Bouzid serait en tête, puisqu’il avait été signalé depuis plusieurs mois. D’ailleurs, des affaires de corruption auraient été découvertes dans ce même gouvernorat au niveau du Commissariat régional à l’agriculture. Des enquêtes judiciaires avaient, alors, été lancées à l’issue desquelles des enseignants impliqués ont été, tout simplement, licenciés. Il s’agirait d’une centaine d’enseignants. Des responsables administratifs auraient, également, été arrêtés pour corruption. 

Aujourd’hui, le ministre de l’Education remet à nouveau sur le tapis cette question brûlante qui ne concerne pas son seul ministère mais, aux dires de nombreux observateurs, tous les départements ministériels avec à leur tête le ministère de l’Education et celui de la Santé qui seraient fortement touchés.

Ce n’est, donc, pas par hasard qu’en octobre 2021 le procureur général près le pôle économique et financier avait décidé de mettre en garde à vue le commissaire régional de l’enseignement de Sidi Bouzid et quatre autres fonctionnaires pour falsification de documents administratifs et corruption.

Mais on sait, aussi, que près de sept autres personnes étaient, déjà, impliquées dans ce trafic. En mai dernier, un réseau de falsification de documents avait été démantelé à Sfax. Les membres de ce réseau fournissaient ces documents à ceux qui voulaient passer des concours de recrutement dans la fonction publique.

Cela montre, si besoin est, que la corruption est à son plus haut niveau depuis les opérations de  recrutement massif d’agents dans la fonction publique au cours de la décennie noire.

Des centaines de milliers de fonctionnaires ont été engagés dans le cadre de la loi d’amnistie générale et de manipulation de dossiers. L’objectif, aujourd’hui, est de lever le voile sur ces affaires qui laissent planer de nombreux doutes sur la crédibilité de nos diplômes et du niveau de notre enseignement. Il ne s’agit, pourtant, pas d’utiliser ces dossiers comme une arme pour marquer des points contre un adversaire ou discréditer des responsables qui ne seraient pas impliqués directement dans ces dossiers.

Le ministère est appelé à prendre le taureau par les cornes et ne plus se contenter d’ouvrir des dossiers sans en mener les procédures à terme. Les 9 syndicats de l’enseignement sont, eux aussi, invités à montrer la sincérité de leurs démarches et à contribuer efficacement à cette lutte contre la corruption.

Les milliers d’enseignants qui protestent, actuellement, dans les rues doivent sentir qu’il y a, vraiment, une égalité des chances et que le favoritisme n’a plus droit d’être. En outre, les sanctions doivent être exemplaires contre ceux qui se sont livrés pendant des années à ce trafic fort préjudiciable à notre système éducatif.

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