Accueil Culture Journées cinématographiques de Carthage | Semaine de la Critique de Carthage: «Chili 1976» : un suspense à couper le souffle

Journées cinématographiques de Carthage | Semaine de la Critique de Carthage: «Chili 1976» : un suspense à couper le souffle

Féministe et innovant, « Chili.1976 » rend hommage au courage d’une femme, qui se trouve, malgré elle, embarquée dans une dangereuse expérience politique. Sa réalisatrice, la jeune Manuela Martelli, réussit un premier film, beau et inquiétant.

Il s’agit d’une innovation de ces 33es Journées cinématographiques de Carthage : comme Cannes, les JCC s’offrent une Semaine de la Critique. Une section dotée de sept longs métrages en lice, tous des films d’auteurs, à qui la Semaine de la Critique offre une plus grande visibilité et un meilleur soutien. Et, pour la première fois, les Journées mettent en compétition des productions cinématographiques de jeunes réalisateurs talentueux, parfois des premiers films qui dépassent, de par leur nationalité, l’espace arabo-africain.

Le film « Chili. 1976 » de la Chilienne Manuela Martelli (2022) a été projeté à la Cité de la culture lundi soir dans le cadre de cette nouvelle section.

Porté par d’excellents acteurs, dont Aline Kuppenheim, excellente dans le rôle de Carmen, et Nicolas Sepulvedal, il raconte l’histoire d’une initiation à la lutte contre la dictature par une bourgeoise b.c.b.g. dont l’existence est bien loin de cet univers quadrillé par la peur, la police et la délation organisée.

Un jeu subtil

Trois ans après le coup d’Etat de Pinochet, Carmen, le personnage principal du film, part superviser la rénovation de la maison familiale en bord de mer. Son mari, un chirurgien réputé, ses enfants et petits-enfants vont et viennent pendant les vacances d’hiver. Lorsque le prêtre lui demande de s’occuper d’un jeune homme blessé qu’il héberge en secret, Carmen se retrouve en terre inconnue, loin de la vie tranquille à laquelle elle est habituée. Manuela Martelli, jusqu’ici actrice, s’essaye pour la première fois à la réalisation. Elle réussit un coup de maître ! Le film évolue dans une ambiance inquiétante, qui devient haletante au fil des scènes, des plans et des actions. Un thriller féministe où Carmen, militante politique malgré elle, se défait, au gré de son expérience d’ange gardienne d’un opposant à la dictature, de son rôle d’épouse et de mère parfaite au détriment d’une expérience existentielle, en laquelle elle va croire de plus en plus. Ses frustrations de femme privée de carrière professionnelle, pour cause de patriarcat dominant, sont suggérées grâce à un jeu plein de subtilité d’Aline Kuppenheim.

Paradoxalement, cette peur qui la gagne va doper son courage et sa détermination à sauver son jeune protégé, malgré l’adhésion totale de son mari et de ses amis à la nouvelle tournure que prend le régime politique de leur pays.

Le suspense qui règne s’inspire beaucoup de l’art du grand maître Hitchcock, dont Manuela Martelli est probablement une fan absolue.

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