Accueil A la une 1ère Semaine de la Critique de Carthage et des Carthage Industry Days | De quoi le métier de critique est-il le nom ?

1ère Semaine de la Critique de Carthage et des Carthage Industry Days | De quoi le métier de critique est-il le nom ?

Dans le cadre de la première édition de la Semaine de la critique de Carthage et des Carthage Industry Days, l’Institut français de Tunisie a organisé, mercredi dernier, à l’occasion de la 33e édition des Journées cinématographiques de Carthage, une master class d’initiation à la critique de film, animée par Charles Tesson.

C’est probablement la grande notoriété de Charles Tesson, critique de cinéma, auteur de plusieurs ouvrages, maître de conférences en Histoire et Esthétique du cinéma à la Sorbonne et surtout directeur de la Semaine de la critique à Cannes de 2011 à 2021, qui a drainé un si grand public à l’auditorium de l’IFT, ce mercredi. Des dizaines d’étudiants de l’Ecole supérieure de l’audiovisuel et du cinéma (Esac) de Gammarth étaient également de la partie : studieux, attentifs et accompagnés de leurs enseignants et de leur directrice, Lamia Belkaied Guiga.

Charles Tesson se fait également ces deux dernières années l’ambassadeur de la Semaine de la critique dans le monde. Puisqu’à l’occasion de son soixantième anniversaire, cette section prestigieuse, qui a fait découvrir à une large audience des maîtres du cinéma, tels que Jacques Audiard, Ken Loach, Wong Kar Wai, François Ozon, voyage sur tous les continents pour présenter les films sélectionnés ces dernières années aux différents publics du monde. Charles Tesson aime accompagner cette section cannoise à travers les festivals, comme ces jours-ci aux JCC, comme il a aimé le long de sa carrière aux Cahiers du Cinéma jouer ce rôle de passeur qu’est un critique.

«La critique doit être tout terrain»

«Je n’ai pas envie de rester seul avec les films que j’aime. Le rôle de prescripteur est aussi un geste de générosité», affirme Charles Tesson lors de sa master class.

L’ex-rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma de 1998 à 2003 distingue tout d’abord entre critique de film et critique de cinéma. Si le second articule le film avec le cinéma de son pays ou de celui plus largement de son époque, le premier se suffit d’un regard sur le film en lui-même. A part le fait qu’il y ait des courants, des écoles et des chapelles dans l’exercice de ce métier, le support dans lequel le critique publie son article peut aussi orienter son texte et le choix des films qu’il analyse : on n’écrit pas au journal L’Humanité (communiste) comme on le fait pour le quotidien Le Figaro (de droite). «Recevoir un film, c’est d’abord le fruit d’une démarche et d’un état d’esprit, afin d’aller à sa rencontre et ensuite en le recevant, d’être sensible à la façon dont il vient à vous, sur un plan cinématographique. Soit essayer de comprendre quel chemin il prend —récit, traitement du sujet, mise en scène, esthétique, style— pour arriver jusqu’à vous sous la forme de ce film», détaille Charles Tesson.

«Il y a des films qui ont plus besoin de la critique que d’autres parce qu’ils sont fragiles, des films d’auteurs dont les conditions économiques sont faibles. Toutefois, il ne faut pas créer des ghettos. La critique doit être tout terrain. Des films grand public doivent aussi être traités par les critiques», soutient l’intervenant.

Garder toujours le regard de l’émerveillement

Il existe différents styles de critiques : critique de fond, critique qui donne envie d’aller voir le film, critique négative : «Mais si vous démolissez une œuvre, il faut bien argumenter. Une critique négative n’est pas facile à faire, elle peut aider un cinéaste tout comme elle peut créer le buzz», explique Charles Tesson. «Parfois, c’est bien de laisser un film décanter une nuit, pour qu’il s’imprègne en vous».

L’ex-président de la Semaine de la critique a vu le long de sa longue carrière certains de ses confrères affronter les effets d’usure, devenir blasés. Il déteste plus que tout ceux qui regardent les œuvres d’en haut, comptabilisant tout ce qui ne va pas : «Il faut alors arrêter sinon c’est le cynisme qui vous attend». Car conseille-t-il : «Il faut toujours recevoir un film avec les yeux de l’émerveillement et de la curiosité. Accueillir un film en termes de grand public tout en faisant activer des éléments d’analyse».

Pour illustrer les idées et propos de Charles Tesson tout en animant le débat avec la salle, deux films ont été projetés de la master class : «Nos cérémonies», de Simon Rieth (Semaine de la critique, Cannes 2022), et Cabascabo d’Oumarou Ganda, court-métrage (8e Semaine de la critique, Cannes 1969).

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