Pas de sang neuf et de nouveautés retentissantes dans la liste préliminaire des Aigles de Carthage retenus pour le stage en Arabie saoudite.
Ceux qui s’attendaient à de gros changements dans la liste définitive des 26 joueurs qui feront le voyage du Qatar resteront sans doute sur leur faim. Le sélectionneur Jalel Kadri n’est pas du genre à prendre des risques et à opter pour une liste avec une bonne proportion de jeunes où le talent est préféré à l’expérience. Il l’a précisé lui-même: «Ce sont ceux qui ont joué les matches éliminatoires de cette Coupe du monde et qui ont assuré la qualification qui auront la priorité de jouer la phase finale». Dans l’esprit du chef de staff de l’équipe de Tunisie, le premier critère de choix de la liste définitive des 26 joueurs qui sera annoncée le 14 novembre, après ce premier regroupement qui prendra fin le 13, est de récompenser ceux qui ont été les artisans de cette 6e qualification et les réalisateurs de cet objectif. Ils ne seront, certes, pas tous au Qatar, il y aura bien sûr quelques éliminés de la toute dernière minute, mais la plupart sinon l’immense majorité ne perdront pas leur place même s’ils ne méritent plus d’être du voyage et dans le groupe. Donc pas de grosses surprises à attendre et la carte jeunes et la grande révolution de velours au sein des Aigles de Carthage sont bel et bien écartées et ne sont pas d’actualité. La première liste des 16 convoqués pour le voyage en Arabie Saoudite confirme cet attachement au conservatisme et ce peu d’enchantement à piocher dans le réservoir de jeunes talents qui peuvent prendre le relais et s’imposer dans l’ossature comme joueurs cadres d’avenir du dispositif. En refaisant confiance à ceux qui sont connus , en s’abritant derrière les expérimentés et rompus à ce genre d’épreuve, Jalel Kadri veut se protéger contre toute fissure du groupe habituel qui , en cas de mauvais parcours, lui ferait payer la lourde facture. Le rappel de Aymen Balbouli et de Moez Hassen dans les quatre gardiens retenus témoigne de ce réflexe défensif du sélectionneur et de son manque d’audace. A ses yeux, Aymen Dahmen et Béchir Ben Saîd ne sont pas des cartes suffisamment sécurisantes pour le poste de dernier rempart de la sélection et donc pas question pour lui de jouer avec le feu. Les cinq buts encaissés devant le Brésil lui ont confirmé qu’il n’a pas encore de gardien qui fait l’unanimité comme «number one» et qu’il lui faudra donc repartir de zéro et faire jouer de nouveau la concurrence pour se fixer définitivement sur le titulaire de ce poste-clé dans le dispositif défensif et dans tout l’échiquier. Le rappel de Yassine Meriah après une longue absence, comme défenseur axial, montre aussi qu’il n’est pas content et satisfait de la prestation de la charnière centrale de la défense et qu’il cherche à revoir sa formule. Pour corriger les lacunes apparues, Jalel Kadri a donc préféré faire appel aux anciens plutôt que de faire confiance à des nouveaux. Ainsi, il a barré quasiment la route à Alaa Ghram, à titre d’exemple, pour faire une entrée précoce en sélection comme l’a fait Roger Lemerre avec Karim Hagui en Coupe d’Afrique en 2004, le titularisant au poste de latéral droit à l’âge de 18 ans. Il n’a pas eu la bonne intuition et le courage d’un Didier Deschamps qui a pallié au forfait des ses arrières latéraux d’expérience pour la Coupe du monde 2018, Djibril Sidibé à droite et Benjamin Mendy à gauche, par le choix de deux jeunes défenseurs de 22 ans de l’Équipe de France Espoirs, Benjamin Pavard et Lucas Hernandez, pour passer du plan B au plan A et être la paire de latéraux de choc de l’équipe de France champion du monde en Russie. La même porte semble avoir été fermée également devant le jeune attaquant de couloir aux grandes qualités qu’est Adem Gharreb. Sa force de percussion, sa vitesse de course, sa vivacité, ses dribbles faciles dans un mouchoir sont des atouts rares qui auraient pu donner des solutions dans l’animation offensive et dans le travail d’approche sur les ailes. Cette Coupe du monde 2022 aurait dû être conçue comme une occasion pour l’émergence et la montée en puissance de jeunes talents pour prendre le relais de joueurs qui sont en fin de carrière et de règne, dans la cohérence et avec un esprit d’assurer la continuité. Ce n’est pas avec Jalel Kadri, à coup sûr, que des coups de poker de ce genre et des choix révolutionnaires seront tentés. Pour lui, conservatisme est mère de sûreté. La liste définitive tant attendue du 14 novembre sera donc sans attraction et sans surprises et la phrase-clé de la conférence de presse qui sera organisée pour la présenter ne pourra être que celle-ci: on reprend les mêmes et on recommence.