On ne peut pas parler des négociations entre le ministère de l’Education et la Fédération générale de l’enseignement de base (Fgeb). En vérité, on n’est pas dans la posture de vrais négociateurs. Pour négocaier, il faut des propositions de part et d’autre que l’on doit discuter sereinement sans intention de s’imposer par la force. Cela n’est pas le cas.
La dernière rencontre du vendredi 4 novembre a montré qu’il est vain de continuer à discuter avec un partenaire qui n’a qu’une seule idée en tête: satisfaire toutes ses exigences sans condition et la reddition de la partie officielle ! Pourtant, lorsqu’on regarde de près, on comprend que la situation est très serrée et qu’on ne peut plus perdre encore du temps.
Arrêtons le massacre !
Si la Fgeb n’a que les demandes que l’on connaît, on est forcé d’admettre qu’il n’y aura aucune issue. Nous n’avons cessé de le signaler dans nos précédents papiers. Cela montre, aussi, qu’il n’y a aucune intention d’arriver au moindre compromis.
Le fait de camper sur les mêmes positions de départ et n’accepter aucune modification donne l’impression que la partie en question a d’autres objectifs que la négociation. Cet objectif est d’obtenir par tous les moyens ce qu’elle demande et de soumettre la partie adverse à sa volonté de domination.
En effet, c’est de cela qu’il s’agit. Nos syndicats ont goûté à ce “plaisir” depuis ces dernières années, et ils ne sont pas près de lâcher prise quel qu’en soit le prix. Malheureusement, on vit, à l’heure actuelle, sous la domination d’une vraie “syndictature”, qui ne reconnaît aucun droit. Elle prend pour couverture de son combat la “défense” des travailleurs. Or, ces derniers ne cherchent, nullement, la confrontation avec quelque pouvoir que ce soit. Tout au plus, cherchent-ils à améliorer leurs conditions de vie et de travail, ce qui est tout à fait légitime. Mais, chez nous, les syndicats ont choisi une ligne d’action qui se caractérise par le recours aux moyens les plus extrêmes au point que l’on assiste, quasiment, à des épreuves de force inimaginables. On se croirait dans une guerre entre des forces hostiles. Les syndicats livrent un combat sans merci aux différentes autorités sans tenir compte des intérêts supérieurs du pays. Pourtant, ces syndicalistes se présentent comme les premières personnes à défendre les intérêts nationaux. Mais la hargne qu’ils mettent à “défendre” ces intérêts en dit long sur les intentions cachées.
Le conflit ouvert entre le ministère de l’Education et les syndicats de l’enseignement (de base et du secondaire) ne déroge pas à la règle. On se demande pourquoi ces syndicats n’ont pas essayé d’aborder ces questions brûlantes au cours des vacances d’été ? Ils auraient évité aux Tunisiens et à plus de deux millions d’élèves cette pression et ce stress continus. Ils ont choisi le premier jour de la rentrée pour ouvrir les hostilités comme s’ils avaient en face d’eux un vrai ennemi. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, ils ne ménagent aucun effort pour infliger à leur ennemi le plus de pertes possibles.
On les voit jubiler de joie quand une de leurs grèves “réussit” à 100 % ! Ils sont aux anges quand ils parviennent à mobiliser ces pauvres enseignants devant le ministère de l’Education ou devant les commissariats à l’éducation ou ailleurs.
Ces malheureux enseignants sont pris dans un cercle vicieux dans lequel ils ont été mis par ces organisations syndicales qui en ont fait leurs troupes pour mener un combat absurde contre notre système éducatif. Nos élèves sont devenus leur cible privilégiée. C’est pourquoi on est, aujourd’hui, à près de deux mois d’école et il y a encore des dizaines de milliers de nos enfants privés de cours. Arrêtons le massacre !
Enseigner est une vocation
Il est très urgent pour ces gens de comprendre que c’est à leur pays et à leurs concitoyens qu’ils livrent ce combat sans pitié. Qui pourrait accepter la poursuite de cette punition collective contre des élèves innocents ? De quels droits ces gens se permettent-ils de commettre de tels forfaits en toute impunité ?
S’il est vrai qu’ils sont là pour défendre des droits, qu’ils manifestent aussi leur volonté d’accepter les compromis. Les accords conclus avec des gouvernements qui’ils ont bernés ne peuvent pas être appliqués en bloc et sans discussions aujourd’hui et immédiatement. Alors, à quoi serviraient les négociations si ces syndicats ne cessent de nous bombarder de menaces avec des suspensions des cours, de boycotts administratifs (rétention des notes pour le premier trimestre, boycott des examens du deuxième trimestre…). On sait déjà qu’ils ne manqueront pas de nous “gratifier” d’autres annonces plus pernicieuses et plus douloureuses.
Dans ce climat tendu et trouble, chacun d’entre nous est en droit de se demander pour qui ces syndicats roulent-ils ? Cherchent-ils vraiment à réaliser des revendications légitimes au profit de pauvres enseignants victimes d’un système politique qui les a manipulés ou sont-ils devenus eux-mêmes, à leur tour, des manipulateurs ? Ce qui n’est pas du tout à exclure.
En outre, pourquoi ces enseignants dits en situation “précaire” se laissent-ils exploiter et mener comme on dit par le bout du nez par des parties qui veulent marquer des points et avoir un poids et une force politique à utiliser en cas de besoin ? Faut-il sacrifier deux millions d’élèves pour la cause de moins d’une vingtaine de milliers de contractuels ? Quel esprit sain accepterait que tout le système éducatif soit ainsi bloqué de longues semaines (cela est devenu une habitude au cours de chaque année) ?
A notre avis, ces milliers d’enseignants doivent se libérer de l’emprise de ces syndicalistes aux positions jusqu’au-boutistes et suivre des voies passantes C’est à eux de tracer leur avenir. Il faut leur rappeler qu’il n’y a pas uniquement l’enseignement. Si les conditions qu’ils cherchent n’existent pas, ils ont l’opportunité de chercher autre chose qui puisse les satisfaire. Il est impossible de chambarder tout le secteur de l’enseignement pour qu’il réponde à des exigences personnelles. Il y a des réglementations et des systèmes en place depuis des décennies. Si on choisit ce métier, on doit en accepter les contraintes. Ceux qui croient que le secteur de l’enseignement est un fourre-tout se trompent énormément.
Et dorénavant que ceux qui le choisissent sachent que ce n’est pas un simple gagne-pain, mais une mission et une vocation. Avis donc à ceux qui cherchent à transformer nos établissements scolaires en arènes où on se livre constamment à d’infinies parties de bras de fer et où nos enfants sont pris comme otages.