Au total, 180 mouvements de protestation ont été observés au cours de la période allant de mai à juillet 2018.
Une conférence de presse s’est tenue, mardi dernier au siège du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, afin de présenter les dernières statistiques des mouvements des assoiffés durant l’année 2018/2019. Cette conférence organisée par l’Observatoire tunisien de l’eau a été également une occasion pour donner un aperçu de l’avancement du projet «Evaluation citoyenne du cadre juridique et législatif des eaux en Tunisie», qui a été lancé par l’Observatoire tunisien de l’eau depuis novembre 2018.
Alaa Marzouki, coordinateur de l’Observatoire tunisien de l’eau et membre de l’association Nomad 08, a pris la parole pour exposer la problématique de l’eau en Tunisie, le problème des coupures fréquentes d’eau enregistrées récemment dans certaines zones du pays et ses répercussions sur la vie des citoyens. Selon le dernier rapport de l’observatoire de l’eau, on note que depuis l’été 2016, il y a eu des coupures fréquentes d’eau potable dans plusieurs régions du pays. L’observatoire de l’eau a signalé au moins 347 mouvements de protestation au cours de 2016 et 2017. Toujours selon le rapport de l’observatoire, le mouvement des assoiffés en 2018 s’est étendu à plusieurs zones du pays, notamment dans la zone du Bassin minier de Gafsa et dans la ville de Kairouan. 104 mouvements de protestation ont été enregistrés au cours des mois de mai et de juin 2018.
Le rapport présente, également, les mouvements de protestation qu’a connus la Tunisie depuis des années et les différentes actions de protestation pour remédier à cette problématique et défendre le droit à l’eau.
En juillet 2015, plusieurs mouvements de protestation (marches pacifiques, sit-in…) ont eu lieu dans différentes régions du pays alors qu’en avril 2016, un mouvement de protestation a été observé dans le gouvernorat de Kairouan, notamment dans les zones de Hmed Fernin à Sbikha et Awled Khlif à Hafouz ainsi que dans d’autres zones du territoire. Les habitants de la région ont été obligés de protester et de barrer la route jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de coupures d’eau potable. En juillet 2016, ce sont les régions de Béja, du Kef, de Jendouba qui ont été le plus touchées par les coupures d’eau fréquentes et suite auxquelles plusieurs mouvements de protestation ont été observés. Le rapport cite également le mouvement de protestation tenu en février 2017 à Kairouan et Kasserine déclenché suite à l’apparition du virus de l’«hépatite C» dans certains gouvernorats et zones due au manque d’eau potable. En septembre 2017, les villes de Sfax, Kairouan, Gafsa, Jendouba, Béja, Kasserine, La Manouba et Mahdia ont été marquées également par des mouvements de protestation à cause des coupures d’eau fréquentes.
Répartition des mouvements de protestation par région durant l’été 2018
Le rapport détaille dans un tableau le nombre de mouvements de protestation dans chaque région à partir du mois de mai 2018 jusqu’au mois de juillet de la même année. En effet, on enregistre zéro mouvement de protestation dans le gouvernorat de l’Ariana durant toute cette période contre un seul mouvement de protestation au cours du mois de juin et un autre au cours du mois de juillet dans le gouvernorat de Béja. Ben Arous n’a enregistré aucun mouvement de protestation. Quatre ont été observés à Bizerte, 11 à Gabès. Quant à Gafsa, elle a connu 38 mouvements répartis comme suit : 10 mouvements de protestation pendant le mois de mai, 18 au mois de juin et 10 pendant le mois de juillet. Le gouvernorat de Kairouan a également enregistré un nombre élevé de mouvements de protestation par rapport au reste des régions. On note 36 mouvements pendant les trois mois d’été. A Kasserine, on note 4 mouvements contre un seul à Kébili alors qu’à La Manouba, on enregistre 8 mouvements de protestation. Au Kef on enregistre 2 mouvements alors qu’à Mahdia 12 ont été tenus contre 11 dans le gouvernorat de Médenine. Au total 180 mouvements de protestation ont été observés au cours de la période mai, juin, juillet 2018.
La deuxième partie de la conférence a fait l’objet d’une présentation générale du projet lancé par l’association Nomad 08 qui vise à organiser des sessions de formation au profit des acteurs de la société civile, des autorités et des représentants des sociétés étatiques concernées par la problématique de l’eau… afin d’engager un dialogue interactif autour des problématiques à débattre. Plus de 291 participants étaient présents lors des neuf sessions de formation qui ont été organisées à l’occasion dans le cadre de ce projet