« Cette résilience ne peut se faire qu’à travers la mise en place de cinq conditions, à savoir le dialogue politique, l’amélioration de la situation macroéconomique, le renforcement de la capacité du secteur privé, la dépendance des marchés et le contrat social ».
« La nouvelle Stratégie pays de la Banque mondiale (BM) pour la période 2023/2027, qui sera basée sur les priorités du gouvernement tunisien, sera publiée au cours des prochains mois », a déclaré le représentant Résident de la Banque mondiale pour la Tunisie, Alexandre Arrobbio.
« Une première série de consultations a été déjà engagée et les consultations techniques se poursuivront avec le gouvernement, les différents partenaires et la société civile », a-t-il ajouté dans une déclaration à l’agence TAP en marge du séminaire de lancement du deuxième rapport de diagnostic systématique de pays (DSP) pour la Tunisie.
Pour le responsable de la BM, ce DSP constitue une base importante pour le nouveau cadre de partenariat pays qui permettra de définir le soutien et les actions de la BM, au cours des cinq prochaines années. « Le diagnostic a permis de prendre un peu de recul et de voir quels sont les problématiques et les défis auxquels fait face la Tunisie afin de susciter le dialogue », a-t-il ajouté.
Il a, dans ce cadre, précisé que les grandes lignes de la stratégie pays seront alignées aussi sur la stratégie du gouvernement et les actions déjà entamées et qui ciblent notamment la résilience sociale, l’appui aux réformes gouvernementales, le développement humain, le secteur privé et la gestion des ressources naturelles, spécialement les questions climatiques.
« Des problèmes structurels qui datent depuis près d’un siècle »
Présentant sa lecture du rapport, Hakim Ben Hamouda , directeur exécutif de Global Institute for Transitions (GI4T), a souligné que « la publication de ce diagnostic intervient dans le cadre d’une conjoncture de turbulences et de désordre global au double plan national et international ». Pour l’expert, il est impératif de construire une résilience économique pour faire face aux différents chocs dont les impacts de la crise économique de 2008, les printemps arabes, la pandémie de Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne.
« Cette résilience ne peut se faire qu’à travers la mise en place de cinq conditions, à savoir le dialogue politique, l’amélioration de la situation macroéconomique, le renforcement de la capacité du secteur privé, la dépendance des marchés et le contrat social », indique Ben Hamouda.
Et d’ajouter que le DSP a apporté de bonnes réponses à toutes ces problématiques tout en notant que certains points nécessitent plus d’amélioration et de discussion.
« Le DSP, a-t-il affirmé, a exprimé d’une manière solennelle la volonté de la BM de poursuivre son appui traditionnel et historique à la Tunisie, particulièrement dans un tel contexte difficile et compliqué ».
« Les chocs internationaux ont été souvent soulignés dans le cadre de ce rapport », a-t-il avancé, rappelant, toutefois, que « la situation actuelle du pays n’est pas due seulement aux difficultés enregistrées, au cours de la dernière décennie, mais aussi aux problèmes structurels qui datent depuis près d’un siècle ».
« Un exercice similaire à celui fait avec le FMI »
De son côté, le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saied, a rappelé que le pays a traversé une décennie difficile qui s’est caractérisée par une série de chocs qui nécessite des actions massives apportant des réponses efficientes.
Il a souligné que « le rapport en question servira de diagnostic qui complètera d’autres diagnostics dont celui présenté par l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) sur lesquels des réformes peuvent être fondées ».
« Ces travaux permettront de voir si l’ensemble des réformes engagées et programmées sont suffisantes », a-t-il indiqué, expliquant qu’il s’agit là d’un exercice similaire à celui fait avec le FMI et qui peu≈t constituer une sorte d’assurance et de garantie pour la communauté internationale, montrant que les réformes tiennent la route.
Pour Saied, le programme national de réformes dispose de la crédibilité nécessaire à l’échelle internationale.
« Cette fois, nous n’avons pas droit à l’erreur, nous devons avoir une bonne réforme à exécuter immédiatement et non l’année prochaine ou les trois prochaines années, et d’ailleurs c’est ce qu’on est en train de faire », a-t-il appuyé.
Il a dans ce sens cité un nombre de champs d’actions des réformes dont l’inclusion sociale, la digitalisation, l’éducation, le climat des affaires et la consécration de la durabilité du développement.
Intitulé « Rétablir la confiance et répondre aux aspirations pour une Tunisie plus prospère et inclusive », le rapport de diagnostic systématique de pays (DSP) pour la Tunisie lancé, jeudi, est la deuxième édition après une première réalisée en 2015.
Ce type de rapport, produit pour les pays partenaires tous les cinq ans, permet d’identifier les principaux défis et opportunités pour accélérer les progrès dans le rétablissement de la confiance, selon la BM.
Cette deuxième édition a permis de présenter une vision des tendances en Tunisie sur les dix dernières années, notamment à travers des comparaisons internationales et des analyses prospectives de moyen terme.