Après le torrent de fake news qui a inondé la Toile et alimenté les journaux télévisés de certains médias étrangers, jeudi dernier, suite au double attentat-suicide à Tunis, l’heure est à la méditation et à l’évaluation. S’il y a une première leçon à retenir de cette journée à tout point de vue tragique, c’est que les Tunisiens aiment la vie et ne baissent pas les bras face au terrorisme, parce qu’il leur est étranger et parce qu’ils n’ont pas la culture de la mort, de l’obscurantisme et de l’embrigadement. La Tunisie a, certes, connu cela, comme beaucoup d’autres pays, et elle se bat, dignement, avec les moyens du bord sur la voie de son éradication.
Aux médias du monde entier, surtout ceux qui jouent avec la fibre alarmiste, les Tunisiens ont démontré, jeudi dernier, que la méthode classique de couverture des attentats terroristes mettant en exergue le choc, la colère, les larmes, la peur, l’impuissance, le branle-bas est désormais obsolète. Du moins en Tunisie. Car, quelques heures après la déflagration de la rue Charles de Gaulle, à une heure de grande fréquentation, la stupeur a vite laissé place à l’effervescence estivale sur l’avenue Bourguiba, le cœur de Tunis, où les terrasses des cafés et des restaurants ont été vite réinvestis par les touristes et les passants.
En bravant la mort et les terroristes et en reprenant leurs activités quotidiennes comme si de rien n’était, les Tunisiens ont, spontanément, donné aux chasseurs d’images sanguinaires et semeurs de troubles une leçon de vie, de courage et d’intelligence. A ceux qui ne le savent pas encore : l’été tunisien a toujours eu l’odeur du jasmin et non de la mort et il vit au rythme des festivals de musique et de danse et non des explosions de bombes ou de haine. Malgré toutes les difficultés économiques et en dépit de toutes les désillusions, les Tunisiens s’accrochent à la vie, ils veulent s’en sortir et retrouver la joie de vivre d’antan. Ils ne céderont pas leur pays aux semeurs de mort. Le peuple est traditionnellement accueillant et jovial, il n’y a aucune raison pour que cela change.
Le terrorisme a été le plus lourd tribut de la transition démocratique. Les Tunisiens en sont conscients et ils ne sont pas prêts à faire marche arrière. La lutte contre ce fléau mondial se poursuit, comme dans tous les autres pays. Plusieurs batailles ont été gagnées jusqu’à ce jour par les forces armées et sécuritaires. Parce qu’ils aiment la vie, les Tunisiens finiront par gagner la guerre.