Après plus de soixante ans d’indépendance, la Tunisie reste silencieuse sur son histoire contemporaine. Les historiens qui se battent depuis des décennies pour rassembler les pièces du puzzle à travers l’analyse des quelques documents dont disposent les institutions scientifiques qui continuent d’être alimentées au compte-gouttes, notamment par des dons personnels ou des apports français ponctuels, n’arrivent à restituer qu’une partie infime de ce long héritage pourtant dense et riche. Le verrou essentiel qui bloque cette démarche scientifique demeure la mainmise de la politique sur l’accès aux informations historiques. C’est qu’une grande partie de ces archives reste mal conservée et sous contrôle soit du ministère de la Justice, celui de l’Intérieur, ailleurs ou chez les familles d’anciens hommes d’État, d’hommes politiques ou de figures nationales.
Récemment, la famille du militant Chedli Kallala a livré une série de lettres et de manuscrits du leader et premier président de la République tunisienne, Habib Bourguiba, aux Archives nationales. L’événement intervenait dans le cadre de la commémoration du 60e anniversaire du décès de Chedli Kallala et de la parution d’un livre intitulé Chedli Kallala, compagnon de lutte de Bourguiba, restituant son parcours militant.
Il n’empêche, d’autres familles, à l’instar de celle d’Allela Laouiti, secrétaire particulier de feu le président Habib Bourguiba durant plusieurs décennies et dont la maison a été investie par les policiers qui ont confisqué une grande quantité de lettres, de documents et d’archives après la destitution de Bourguiba par Ben ALI, n’arrivent pas à localiser leur lieu de dépôt et n’y ont pas accès.
Pourtant, de tels documents pourraient révéler des aspects peu connus du mouvement national ou de l’histoire contemporaine du pays. De quoi a-t-on peur ? De dire une vérité politique qui froisserait l’image d’un ancien militant ou de révéler des crimes d’Etat ? L’histoire ne doit pas nous faire peur, elle doit être le ciment de notre cohésion, le moteur du dynamisme de notre nation. Car, en termes d’histoire, plus la tempête est forte, plus le vent souffle. Il ne faut pas s’en protéger comme on se protège d’un cyclone mais nous en servir comme une boussole car elle fournit un éclairage, un héritage, des repères, un monde commun à partager. Ce n’est qu’un exemple de cette histoire malmenée et manipulée.
Brahim
26 novembre 2022 à 15:38
Allala Laouiti et non Allela !!! (8/05/1913 – 21/02/1993). Par ailleurs, votre éditorial n’est qu’un voile divertissant pour ne pas parler du présent inquiétant….