Seïf Jaziri aurait payé de l’argent pour avoir une place en sélection dans ce Mondial. Et c’est le frère de Wadii El Jary, très influent selon les coulisses de la sélection, qui aurait perçu cette somme. Ce sont les révélations dangereuses de Issam Jemaâ. Des révélations qui ont créé une énième polémique autour de cette équipe de Tunisie. C’est engageant comme déclaration, car, faute de preuves tangibles, ça se retournerait contre Issam Jemaâ. Il y a deux facettes, deux angles sur cette sensible affaire. Il y a le «dit» qui est relayé par une grande partie du public sportif tunisien. Ce que Jemaâ vient de dire, plusieurs personnes le disent sans rougir et avec plus de précision en parlant d’autres cas. Si on se fie au «dit», Issam Jemaâ n’aurait pas apporté de scoop. Ce qui se dit sur les convocations en sélection est bien plus dangereux. Et la dernière et controversée liste retenue pour le Mondial qatari renferme des cas d’injustice criarde.
Venons-en à la seconde facette des révélations de Issam Jemaâ. Et franchement, cela ne manque pas de reproches. Le même Issam Jemaâ était, des temps où il était international, un joueur «gâté» en sélection. Mieux, il était influent dans les coulisses et dans le groupe grâce, en bonne partie, à son club, mais surtout à son agent qui avait son mot à dire en sélection. Jemaâ ne peut être le bon exemple en ce qui concerne le «favoritisme» en sélection. Lui-même, il y a un mois, a fustigé Adel Chedly quand ce dernier a eu des propos sévères à l’encontre de ce qui se fait en sélection. Et puis pourquoi évoquer seulement le cas Jaziri ? Ça reste un joueur qui s’est imposé en sélection depuis un bon moment. Pourquoi lui précisément et pourquoi maintenant ? Issam Jemaâ n’avait pas, peut-être, le culot de parler d’autres grosses pointures en sélection qui tirent les ficelles et qui décident de ceux qui jouent et de ceux qui ne jouent pas en sélection. Il pouvait nous éclairer comment Yassine Meriah, inactif pendant plus de huit mois, a été imposé en sélection dans le cadre d’une entente. Il pouvait aussi nous parler comment Balbouli a été rescapé et soutenu par Houcine Jenayeh pour participer au Mondial. D’autres cas, comme Bronn qui a été imposé, à la dernière minute, par Skhiri et Khazri, méritent des témoignages. Jemâa s’est mis dans une situation embarrassante. C’est bien de dire tout haut ce que les autres disent tout bas, c’est bien de rapporter des éléments pour une vérité qui nous échappe. Mais il faut parler de tout le monde, il faut viser les véritables «caïds» en sélection, de ces joueurs intouchables qui usent de leur statut pour fermer les portes aux autres et pour cumuler l’argent, la célébrité, le pouvoir et le relationnel. Cette équipe de Tunisie est dirigée par 4 ou 5 joueurs qui s’y éternisent depuis des années et ont, pour le faire, tout un réseau (entre autres des médias) qui les protège à tort et à raison. Donc, Issam Jemâa n’a vu que Seïf Jaziri. Très peu comme élément tangible que l’on peut croire. Très suspect comme timing.