Recourir à une loi de finances complémentaire 2022 (LFC) est devenu vital. Pour bien des raisons : augmentation des prix du pétrole, charges supplémentaires… Une loi de finances complémentaire peut intervenir pour apporter des corrections par rapport à la situation économique et financière de la loi de finances initiale ou mettre en place un programme d’action qui vise à modifier un déséquilibre conjoncturel et des anomalies, d’autant que le contexte économique mondial change à grande vitesse.
Revoir le contenu de la loi de finances 2022, c’est préserver les grands équilibres financiers de l’Etat en tenant compte de l’importance de pallier le manque de ressources.
La règle d’or des finances publiques reste et demeure l’équilibre budgétaire, axe prioritaire de la LFC. Dès lors, les pouvoirs publics vont devoir lier les dépenses aux recettes et faire en sorte que le déficit soit contenu au maximum, avec l’espoir de rembourser la dette publique intérieure. En effet, la Tunisie aura besoin, d’ici la fin de l’année, de 5 milliards de dinars d’emprunts extérieurs (crédits) pour boucler le budget 2022.
Contenir le déficit budgétaire
Ibtissem Ben Aljia, directrice générale des ressources et équilibres au ministère des Finances, a affirmé qu’il « existe des accords de financements conclus dans ce sens, sans préciser ni leur nature ni les parties qui sont concernées ».
D’après les chiffres dévoilés par Ben Aljia, les ressources budgétaires de l’année en cours, telles que mentionnées dans la loi de finances complémentaire, s’élèvent à 41.130 millions de dinars, alors que les dépenses budgétaires sont estimées à 50.914 MD et que les charges de remboursement du principal de la dette sont de 9.906 MD.
D’après la directrice, la loi de finances complémentaire vient à point nommé répondre aux exigences de l’étape actuelle impactée par le conflit russo-ukrainien et ses répercussions sur divers secteurs stratégiques. En effet, les besoins de subventions en carburants ont augmenté de 4.700 MD pour passer de 2.891 MD prévue initialement à plus de 7.600 MD dans la loi de finances complémentaire. C’est pour cela que le ministère de tutelle a opté pour des économies sur certaines dépenses, notamment de fonctionnement, et au report de certains projets en suspens. Le département ministériel a recouru également à des économies sur d’autres postes de dépenses de gestion courante des affaires de l’Etat.
La directrice a affirmé, par ailleurs, dans une déclaration aux médias que «la hausse du prix du baril de pétrole a impacté positivement les ressources de commercialisation des carburants et du transit du gaz algérien, ce qui a permis de réaliser des ressources propres supplémentaires d’environ 2.500 MD qui ont compensé l’élévation des dépenses budgétaires, mais cela n’a pas empêché l’accroissement des ressources d’emprunt d’environ 1017 millions de dinars ». La loi prévoit, selon le ministère, une hausse du budget de 6,2% tandis que les ressources propres de l’Etat sont passées à 41.130 MD contre 38.618 MD estimés dans la loi de finances initiale. Ces ressources proviennent principalement des recettes fiscales dont la valeur est estimée à 36.040 MD contre 35.091 MD prévue initialement soit une hausse de 949 MD ainsi que des revenus non fiscaux pour 908 MD.