Ce nouveau centre, qui accueille des femmes victimes de violence et qui se retrouvent à la rue, est équipé de toutes les commodités
Plus de 50% des femmes en Tunisie dans leur vie ont subi une forme de violence (physique, verbale, financière) de la part d’un membre de leur entourage. Plusieurs d’entre elles ont déposé plainte auprès de la justice pour obtenir réparation. La crise du Covid qui a contraint une grande partie de la population dans les pays du Maghreb à se confiner n’a fait qu’exacerber le phénomène de la violence à l’encontre des femmes victimes de la brutalité de leurs conjoints qui ont mal supporté l’enfermement. Selon les dernières statistiques sur les violences faites aux femmes en Tunisie, critiquées toutefois pour leur imprécision par le responsable des projets d’appui à la société civile en Tunisie et en Algérie en marge d’une rencontre régionale sur la lutte contre les violences faites aux femmes dans les pays du Grand-Maghreb (Tunisie-Algérie-Maroc) qui a été organisée les 9 et 10 décembre, 5 féminicides ont été commis en un seul mois en Tunisie et 769 signalements liés à des faits de violence ont été enregistrés sur la ligne verte mise en place par le ministère de la Femme au cours des dix derniers mois. Pendant la période de confinement, des centres d’accueil ont ouvert leurs portes pour accueillir des femmes violentées et traumatisées qui ont été expulsées de leur foyer avec leurs enfants par un partenaire agressif.
Assistance psychologique et juridique
Le dernier en date est le centre d’accueil des femmes victimes de violence «El Aman», qui vient d’être récemment inauguré par la ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors, Amel Bel Haj Moussa. D’une capacité de 27 lits, ce dernier a été aménagé dans l’un des étages d’un des grands établissements hôteliers de Ben Arous. Les femmes victimes de violence et qui seront orientées vers ce centre pourront y être hébergées temporairement, le temps d’engager les procédures nécessaires pour demander réparation et préserver leurs droits et ceux de leurs enfants. Elles pourront non seulement bénéficier d’une assistance psychologique mais également des conseils d’un juriste qui les accompagnera tout au long de la procédure judiciaire. «Ce centre est équipé de toutes les commodités, à souligné Dr Mongia Souahi Nadhmi, trésorière de l’association «Kadirat» et chercheur universitaire spécialisée dans le thème de l’équité des genres et de la violence à l’encontre des femmes. L’espace a été aménagé à proximité d’un jardin d’enfants afin que les enfants en bas âge des femmes accueillies dans ce centre puissent être accompagnés et bénéficier d’un apprentissage préscolaire. Victimes de violence, les femmes bénéficieront d’une prise en charge psychologique et recevront la visite d’un juriste qui les aidera à engager les procédures administratives et judiciaires requises pour recouvrer leurs droits». Dans le cadre des efforts engagés pour la lutte contre la violence à l’encontre des femmes, au moins un centre d’accueil devra ouvrir ses portes dans chaque gouvernorat au cours des prochaines années.